Partant du postulat que chaque être humain est un entrepreneur, l'économiste Muhammad Yunus souhaite implémenter un modèle de développement social fondé sur le microcrédit. Si le contexte bangladais et international explique l'essor de cet outil économique, il reste néanmoins controversé.
Né en 1940 au Bangladesh, Muhammad Yunus reçoit, conjointement à la Grameen Bank, le prix Nobel de la paix en 2006 pour leurs efforts à "créer un développement économique et social à la base". C'est la première fois que le concept de microcrédit est ainsi récompensé au niveau international.
1974, une famine meurtrière au Bangladesh
La famine de 1974 entraîne la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes, entre 500 000 et 1 million selon les estimations. Cette famine n'est pas causée par un problème de production mais par des "inondations massives" et des "problèmes d'acheminement", clarifie Charza Shahabuddin. La situation alerte le monde entier ainsi qu'un certain nombre d'intellectuels dont Yunus qui commence, à cette période, à accorder des prêts à long terme aux personnes les plus défavorisées.
Le microcrédit, rupture et continuité
De tout temps, dans l'ensemble des régions de la planète, des formes de petits crédits destinés à aider les populations marginalisées ont existé, même si le terme de microcrédit n'est pas utilisé. Le microcrédit pensé par Yunus est novateur en ce que les garanties pour les prêts ne sont pas matérielles, mais sociales : "les communautés villageoises ont des liens sociaux forts et sont en mesure d'exercer une pression sociale les unes sur les autres qui peut faire office de garantie" explique Isabelle Guérin.
Le cercle vicieux du microcrédit
Le microcrédit ne réveille pas l'entrepreneur en chaque homme ; au contraire, dans un très grand nombre de cas il est simplement un crédit à la consommation, à des taux qui restent très élevés. Les emprunteurs en viennent à rembourser leurs emprunts en faisant de nouveaux prêts et tombent dans un cercle vicieux.
Références sonores
- Extrait de la Cérémonie de Remise du Prix Nobel, CSPAN, 11 décembre 2006
- Extrait d'un reportage "Bangladesh : la mort en silence", RTS Radio Télévision Suisse, Archive INA, 1975
- Extrait de l"émission France Culture "Pauvreté mondiale : panser, repenser, dépasser", 17 novembre 2017
- Extrait du reportage "A tale of two women : disparity in microloan repayment", The Wall Street Journal, 3 août2015
- Extrait du reportage "Le mirage de la microfinance : en Inde, des millions de femmes dans la spirale de l'endettement", France 24, 13 octobre 2023
- Extrait de l'émission France Culture "Bangladesh, comment raconter la révolution ?", 15 août 2024
- Musique : Farida PARVEEN "Pare Loye Jao may"