Hommage à Philippe Martin
Économiste à la Federal Reserve Bank of New York, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à la Paris School of Economics, Philippe Martin fut membre junior de l’Institut universitaire de France (IUF), avant de rejoindre Sciences Po en 2009, où il crée le département d’économie. Depuis 2022, il était doyen de l’école d’affaires publiques (EAP) de Sciences Po Paris. Ses recherches et enseignements portent en premier lieu sur le commerce international, la macroéconomie et la géographie économique. Cependant, dans les médias ou auprès des politiques qu’il a conseillé-es, il évoque des sujets bien plus larges, capable d’un grand effort de synthèse de l’état actuel de la science économique.
Proche de la puissance publique, Philippe Martin avait affiché son soutien à la candidature de François Hollande, et fut conseiller économique d'Emmanuel Macron. Il a ensuite présidé le Conseil d’Analyse Économique (CAE) de 2018 à 2022 (président délégué plus exactement), et s’est de nouveau investi dans la campagne du Président sortant en 2022.
"Toutes les notes du CAE (Conseil d'Analyse Économique), je pense, commencent avec une discussion avec Philippe Martin", se rappelle Stefanie Stantcheva, membre actuelle du CAE.
Philippe Martin nous a quittés ce dimanche 17 décembre 2023, à l'âge de 57 ans. Ses anciens élèves, la classe politique française et le monde de la recherche économique rendent hommage à un enseignant aimé, un économiste respecté et un chercheur soucieux de mettre la recherche au service de l'intérêt public.
Ancien élève de Philippe Martin, Xavier Jaravel témoigne : "c’est quelqu’un qui essayait toujours de faire des liens avec des problèmes de politique publique concrets. Il était le premier directeur du département d’économie de Sciences Po, dont l’ambition était d’amener plus de recherche à Sciences Po".
Bilan de l'économie mondiale
Le resserrement de la politique monétaire combinée à la baisse des cours des matières premières semblent enfin permettre un recul de l’inflation mondiale. Selon les prévisions du FMI, celle-ci passerait de 8,7 % en 2022 à 6,9 % en 2023, puis à 5,8 % en 2024. Bien que la Fed et la BCE aient appelé à la prudence et annoncé le maintien de leurs taux la semaine dernière, il semble que le cycle de hausse des taux soit effectivement terminé, avec une baisse pressentie pour 2024. Cependant, la crise inflationniste et le durcissement des politiques monétaires qui ont suivi laissent des marques. L’inflation est encore loin d’avoir disparu, et son ralentissement demeure plus lent que prévu.
Cependant, Anne-Sophie Alsif précise : "Les prix vont continuer d'augmenter, mais à un rythme beaucoup moins soutenu cette année et surtout à partir de 2025, où l'on devrait revenir aux fameux 2 % d'inflation, qui est la cible de la Banque Centrale Européenne. Encore une fois, il faut le rappeler, c'est bien d'avoir de l'inflation. Le problème, c'est d'en avoir trop".
Surtout, l'inflation risque d’entraîner la croissance avec elle. Les dernières prévisions de l’Organisation de Coordination et de développement économiques (OCDE) font état du fléchissement de la croissance mondiale.
Selon Sylvie Matelly, "les moteurs de la croissance européenne depuis une vingtaine d'années ont plutôt été les pays du Sud. En effet, c'étaient des pays où la consommation était dynamique. La croissance économique n'aurait pas été au rendez-vous en Europe s'il n'y avait pas eu des pays pour consommer les productions industrielles, des biens et des services de pays ayant gardé une part d'industrie aussi importante que l'Allemagne ou les pays d'Europe du Nord".
Pour aller plus loin
- Sylvie Matelly, avec Assen Slim : L’économie tout simplement (Eyrolles, 2023)
Références sonores
Références musicales
- Glass, Concrete and Stone de David Byrne
- Bubblegum Dog de MGMT