Essai : "Le pouvoir de la monnaie", avec Jézabel Couppey-Soubeyran
La monnaie n'a pas toujours été, comme c'est le cas aujourd'hui, tournée vers l'accumulation capitaliste. Paru cette semaine, l'essai Le pouvoir de la monnaie. Transformons la monnaie pour transformer la société revient sur les usages passés de la monnaie, et donne des pistes pour que l'autorité monétaire soit mise au service d'un projet social et écologique. Pour en parler, nous recevons Jézabel Couppey-Soubeyran, maîtresse de conférences en économie à l’université Paris-I, conseillère scientifique à l’Institut Veblen et co-autrice de l'essai. Selon elle, "notre système monétaire repose sur une monnaie bancaire, de crédit. Ce système s'est mis en place il y a à peu près 200 ans, pour porter le projet d'une société de la croissance. Donc, avec la monnaie bancaire, ce qu'on finance, c'est le projet d'une société de la croissance, des projets rentables".
- Jézabel Couppey-Soubeyran, Pierre Delandre et Augustin Sersiron : Le pouvoir de la monnaie. Transformons la monnaie pour transformer la société (éd. Les Liens qui Libèrent, 2024)
Table ronde d'actualité : sanctions économiques et trafic de drogue
En début de semaine, lors de ses vœux aux acteurs économiques à Bercy, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé qu’une modification législative permettant le gel des avoirs des trafiquants de drogue entrerait en vigueur cette année. Selon l’Office anti-stupéfiants, le marché des stupéfiants génère 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France et fournit 21 000 emplois à temps plein et qui fait vivre, directement ou indirectement, 240 000 personnes.
La rentabilité de ce trafic dépend du type de drogue concerné, et du nombre d'acteurs qui se partagent sa rentabilité. Comme le précise Bertrand Monnet, "aujourd'hui, on peut considérer que la cocaïne produite en Colombie, et vendue en Europe occidentale dégage une rentabilité totale d'à peu près 6 000 %. Or, cette rentabilité ne va pas dans la poche d'un seul acteur : toute une chaîne d'acteurs se la répartit".
Les mesures annoncées par Bruno Le Maire peut-elle suffire à enrayer la progression du trafic de drogue en France ? Les sanctions économiques visant les narcotrafiquants ont-elles un réel impact sur ce trafic juteux et mondialisé, qui utilise l’opacité des paradis bancaires ?
Selon Clotilde Champeyrache, il existe déjà des outils existants dont il faudrait se saisir : "Il existe, dans le droit de la plupart des pays de l'OCDE, des mesures de saisie des avoirs criminels dans le cadre d'une procédure judiciaire. Cet outil est très peu mis en œuvre parce qu'il faut déclencher des enquêtes patrimoniales (...). C'est cela qu'il faut mobiliser, ça existe !"
Pour aller plus loin
- Clotilde Champeyrache : Géopolitique des mafias (Le Cavalier Bleu, 2022) et de La Face cachée de l’économie. Néolibéralisme et criminalités (PUF, 2019)
- Clotilde Champeyrache : La Face cachée de l’économie. Néolibéralisme et criminalités (PUF, 2019)
- Bertrand Monnet et Philippe Véry : Les nouveaux pirates de l’entreprise. Mafias et terrorisme (éd. du CNRS, 2010)
Références sonores
Références musicales
- La symphonie des éclairs de Zaho de Sagazan
- Guajirando de Comadre et Mito