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Alexander Stubb:"L'Otan a beaucoup gagné et la Finlande a gagné aussi"
Edité par France 24 - 2024
Alexander Stubb estime que l’entrée de son pays dans l’Otan apportera "plus de valeur ajoutée" à l’organisation grâce au "million de Finlandais ayant effectué leur service militaire" et à la position stratégique du pays, qui double la frontière de l’Otan avec la Russie. "L'Otan a beaucoup gagné et la Finlande a gagné aussi", souligne-t-il. Si la Finlande "n'est pas provocatrice" vis-à-vis de la Russie, elle ambitionne d’"être dans le noyau dur de l'Otan".
Alexander Stubb accueille de manière "très positive" le choix de nommer l'ancien Premier ministre néerlandais Mark Rutte à la tête de l’Otan. "Il va être un très bon chef pour l'Otan", se réjouit-il, "je suis très content pour lui et pour l'Otan".
Avec la Suède, également récemment entrée dans l’Otan et la Norvège, la Finlande a annoncé la création d’un corridor militaire en Arctique, d’une grande importance stratégique pour Helsinki. Alexander Stubb rappelle que sans connexion à la mer Baltique, la Finlande est coupée du monde et qu’il s’agit donc d’une question sécuritaire et économique.
Depuis plusieurs mois, la Finlande a fermé ses frontières avec la Russie face à l’arrivée de migrants, originaires pour la plupart du Moyen-Orient et d’Afrique, et accuse Moscou d’orchestrer ce flux migratoire pour influencer la politique finlandaise. Selon Alexander Stubb, "Poutine utilise les gens comme un instrument, il essaie de déstabiliser la Finlande" et mène "une guerre hybride". Le président finlandais espère "trouver une solution qui est sécure et humaine".
L'Union européenne (UE) a officiellement lancé mardi des négociations d’adhésion avec l’Ukraine. La Finlande, qui a dû céder 10 % de son territoire à la Russie en 1940, "comprend exactement ce que si passe en Ukraine en ce moment et c’est pour ça qu’on donne un soutien assez fort" à la candidature de Kiev. La perspective de voir arriver Viktor Orban à la présidence de l’UE à partir du 1er juillet et les conséquences éventuelles sur le soutien des 27 à l’Ukraine n'inquiète pas Alexander Stubb, malgré la proximité affichée du Premier ministre hongrois avec Vladimir Poutine. "Je crois que le chemin de l'Ukraine pour l'Union est clair", déclare Alexander Stubb. Le président finlandais reste optimiste, estimant qu’en dépit des crises, "on trouve toujours des solutions en Europe". Il cite l’exemple de l’accord financier pour une aide à l’Ukraine que Viktor Orban avait bloqué avant de finir par plier sous la pression des 27.
Il ne s’inquiète pas non plus d’un possible second mandat de Donald Trump et de son impact sur les relations transatlantiques, pourtant fragilisées lors de la première présidence du candidat républicain à l’élection américaine. Alexandre Stubb affirme que l’Europe est incontournable pour Washington car "les États-Unis voudraient bien rester un pouvoir mondial". Or, "pour rester un pouvoir mondial, pour contrer la Chine, il faut avoir des alliances et les alliances, c'est nous les Européens".
Alors que l’attribution des postes clés de l’UE est en discussion, Alexander Stubb salue le bilan d’Ursula von der Leyen, "une grande présidente de la Commission, un peu comme Jacques Delors". Il lui apporte son soutien pour un second mandat à la tête de la Commission européenne, qui serait "une bonne chose pour l’Europe". Il espère également que la présidente du Parlement européen Roberta Metsola sera reconduite et approuve le choix de la Première ministre estonienne Kaja Kallas comme future nouvelle cheffe de la diplomatie européenne. "Je suis sûr qu'elle va être un super bon ministre des Affaires étrangères de l'Europe", affirme-t-il, car c’est "très important d'avoir un ancien chef d'État" à ce poste et "c'est bien aussi de trouver un équilibre entre l'Est et l'Ouest".
Alexander Stubb considère qu’en matière d’Europe géopolitique, "on a bien avancé pendant les cinq dernières années mais il faut aussi comprendre que l'Europe est jamais parfaite, jamais, surtout parce qu'on a 27 États membres, de temps en temps, avec des intérêts un peu différents". À l’heure où le multilatéralisme est en déclin, il pense que "l'intégration régionale va être plus forte" et l’Europe sera "assez forte" dans ce nouveau contexte mondial. "L’Europe ne va pas être les États-Unis, l’Europe ne va pas être la Chine mais quelque chose entre les deux et si on comprend ça, si on n’est pas perfectionniste, je crois qu’on va avoir une vue un peu plus positive de l’Europe", conclue-t-il.