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Margaritis Schinas : "Le populisme projette l'image d'une Europe incapable de gérer la migration"
Edité par France 24 - 2023
Lutte contre l’antisémitisme
Les réflexes communautaires et les discriminations augmentent partout sur le Vieux continent, en conséquence des effets de la guerre entre le Hamas et Israël. Des milliers d'actes antisémites sont recensés en France, des centaines en Allemagne et à l'est de l'Europe.
Le portefeuille de notre invité Margaritis Schinas inclut la lutte contre l'antisémitisme : "Nous, les Européens, lors du siècle passé, on a eu l'expérience de ces tragédies de l'histoire (la Shoah, NDLR). Nous savons comment ça commence et nous avons appris comment ça se termine. Alors nous sommes déterminés de ne pas revivre ce chapitre noir de notre histoire […] Nous sommes déterminés à défendre notre modèle de vie européen."
Il souligne le besoin de renforcer la sécurité autour de synagogues et des écoles juives partout en Europe, et d'appliquer les règlements de l’UE sur Internet contre les contenus terroristes, haineux ou de désinformation, qu'ils soient antisémites ou islamophobes. "Les nouvelles règles de gouvernance numérique nous permettent d’obliger les plateformes à supprimer tout contenu terroriste en 24 heures et d’infliger des amendes à ceux qui ne respectent pas l'obligation de lutter contre la haine et la discrimination", affirme-t-il.
Geert Wilders aux Pays-Bas
L'islamophobie augmente aussi en Europe, notamment dans les pays où le nationalisme identitaire progresse. Les Pays-Bas en sont un exemple récent, avec la victoire surprise du candidat de l’extrême droite, Geert Wilders, aux élections législatives. Il est arrivé en têtr avec 37 sièges sur 150 au Parlement.
Margaritis Schinas appelle à la raison : "Il faut voir la composition du nouveau gouvernement aux Pays-Bas […] et s’il [appliquera] toutes les choses assez excentriques qui ont été discutées lors de la campagne. Mon sentiment ? Ce ne sera pas le cas. […] Geert Wilders, comme d'autres forces populistes démagogues en Europe, projettent l’image d'une Europe incapable de gérer la migration. On va leur prouver qu'ils sont en faute, parce que dans quelques semaines, nous aurons finalement un grand accord européen sur l'immigration et l'asile. Après des années d’échecs, pour la première fois, on aura un cadre global, holistique, cohésif, qui nous permettra de gérer la migration au niveau européen par les institutions européennes, avec des ressources européennes et sur la base de valeurs et règles ancrées au droit européen."
Que dit Bruxelles face à cette extrême droite néerlandaise, veut organiser un référendum sur le Nexit, la sortie de l'Union européenne des Pays-Bas ? "L’Europe est l'épicentre mondial de la démocratie et de la bonne gouvernance. Alors les élections ne nous font pas peur. Les élections sont notre atout, notre avantage". Face à l’idée que son parti européen contribue à 'dédiaboliser' l’extrême droite en s’alliant avec elle, comme en Italie, il tempère : "Depuis sa formation, le gouvernement Meloni se comporte comme un véritable gouvernement européen qui travaille avec l'Union européenne dans tous les domaines d'importance : soutien à l’Ukraine, accord de la migration etc.
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Migrations
En tant que vice-président de la Commission européenne en charge de la migration, Margaritis Schinas a proposé un nouveau pacte migratoire en septembre 2020, qui devrait être finalisé en février 2024. "Je suis optimiste quant à cet accord, incluant un volet externe de partenariat avec les pays tiers d'origine et de transit de flux migratoires, un système de contrôle des frontières extérieures de l'Union de procédures uniformes avec des retours facile et rapide pour tous ceux qui n'ont pas le droit d'être sous la protection juridique d'asile de l'Union européenne". Un système qu’il dit être "de partage, de responsabilité et de solidarité entre les 27".
Avec 350 000 migrants entrés illégalement dans l’UE en 2022, ces accords migratoires, comme celui entre l’UE et la Tunisie, ne sont pas si simple qu’il n’en paraît. "On ne travaille pas que sur la migration avec les pays tiers […] C'est avec satisfaction que nous constatons que l’accord UE-Tunisie a contribué à réduire significativement le nombre d'arrivées vers la Méditerranée centrale. C'est une approche que l'Europe va poursuivre les années à venir : travailler avec nos voisins pour trouver des solutions de développement, de croissance".
Mais, le 6 novembre, Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien, a signé de son côté avec son homologue albanais un protocole d'accord qui prévoit l'installation en Albanie d'une zone d'accueil pour les migrants sauvés par la marine italienne. Illégal ? "C'est un accord qui prévoit que cette procédure de gestion d'asile reste dans les mains de représentants italienne. Il n'y aura pas une sous délégation à un pays tiers […] Je pense que cet accord ne pose pas de problème de compatibilité avec le droit communautaire, ni avec le futur Pacte sur la migration et l'asile".
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Tinder de l’emploi
Chaque année 3,5 million de non-Européens entrent légalement dans l'Union européenne. Un flux légal considéré par Margaritis Schinas comme l'une des solutions pour lutter contre les arrivées irrégulières et combler les lacunes du marché du travail. "On ouvre une porte dans notre maison pour éviter que les gens continuent à sauter par la fenêtre".
Le commissaire soutient ce qu’il appelle un système simple et volontaire pour les migrants présentant les "compétences nécessaires pour les postes vacants". "Ce n’est pas l'Europe forteresse, c'est une Europe ouverte aux travailleurs de pays tiers, une Europe organisée, une Europe qui offre des solutions pratiques. Pas de discours ou approches démagogiques sur la migration, mais la mobilité organisée", réclame-t-il.