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Élections au Liberia: le regard de la jeunesse sur la politique [3/3]
Edité par Radio France Internationale
Au Liberia, selon la Commission nationale électorale, près de la moitié des électeurs sont des jeunes. Parmi eux, certains n’ont jamais voté avant. Comment cette génération post-guerre civile va-t-elle se positionner ? Quelles sont ses attentes ?
De notre envoyée spéciale à Monrovia,
Abednego a 21 ans. Il fait partie de ces jeunes, qui n’ont pas connu la guerre civile. Cet étudiant ira voter pour la première fois mardi : en parallèle, il veut s’investir personnellement dans le développement de son pays.
« Au Liberia, souvent, les gens qui travaillent dans le secteur public, n’ont pas une bonne application correcte des consignes instruites par le gouvernement. J’ai donc choisi d’étudier l’administration publique pour que les programmes du gouvernement soient effectivement mis en œuvre, afin que tous les Libériens en bénéficient ».
« C'est important de voter »
À près de deux heures de route, parsemée de nid de poules, au nord-ouest de Monrovia, se dresse Brewerville. Georgina Kouso a 21 ans : baccalauréat en poche, cette jeune a dû interrompre sa scolarité, suite à la naissance de sa fille, âgée maintenant de deux ans et qu’elle continue d’éduquer, avec l’aide ses parents.
« C’est important de voter. C’est un droit de citoyen. Après le vote, j’espère qu’il y aura des changements, notamment en matière d’éducation. J’espère que l’on va construire des routes et relancer l’économie. »
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À quelques encablures, à l’abri d’une boutique en tôle, Edouard Johnson, un jeune diplômé au chômage, joue aux dames avec d’autres jeunes sans emploi. Pour lui, quelle que soit la personne élue, il/elle devra assainir l’environnement. « Nous avons besoin d’un nouveau Liberia. Pour cela, il nous faut lutter contre la corruption, poursuivre les personnes qui ont vidé les caisses de l’État depuis plusieurs années déjà ».
Des jeunes divisés
En 2017, de nombreux jeunes avaient soutenu le président sortant. Mais aujourd’hui, le contexte a changé, comme le constate le politologue Abdullah Kiatamba.
« Les jeunes majeurs seront divisés. Comment cela va se répartir : je ne le sais pas encore. Il y a d’un côté, les jeunes qui admirent l’image de Weah comme étant une icône du football. De l’autre, lors des meetings de campagne, j’ai constaté que de nombreux jeunes ont basculé du côté de l’opposant Joseph Boakai, parce qu’il y a un fort sentiment de déception parmi ces jeunes vis-à-vis du président sortant. »
Signe de cet intérêt des jeunes pour la politique : ils étaient nombreux sur le terrain, à se mobiliser, pour animer les meetings lors de cette campagne électorale.
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