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Centrafrique: réhabilitation du parc Saint Floris, portrait d'une écogarde [3/3]
Edité par Radio France Internationale
Dans la réserve animalière de Manovo-Gounda Saint Floris au nord-est de la Centrafrique, le quotidien atypique d'une écogarde. Une femme dans un contingent d'hommes dont le métier est de protéger la faune et la flore. Dans cette réserve animalière de 17 400 km2, elle effectue des patrouilles, pourchasse les braconniers et protège les espèces animales qui reviennent petit à petit dans le parc. Qui est cette femme qui risque sa vie pour protéger celles des animaux en voie de disparition
Dans ce camp de deux hectares, les écogardes disposent chacun d’un abri. Des cases sommaires construites avec du bois de la forêt et de la paille. Ce matin, Bertille, 20 ans, ferme soigneusement sa porte et se dirige vers le lieu du rassemblement.
1 mètre 60, cheveux courts, tenue de camouflage, ses compagnons d'arme l’ont surnommée Bamara, lionne en français. Bertille porte un sac de 30 kg dans lequel on trouve une tente, une natte, une torche, une boussole, des bouteilles d'eau et quelques boîtes de conserves : « Je commence toujours ma journée avec le sport. Ensuite, je fais quelques travaux ménagers. Après le petit déjeuner, je pars directement au travail. Chaque équipe effectue des patrouilles pédestres par rotation dans tout le parc pendant une semaine. C'est difficile, mais je n'ai pas peur. »
Ce matin, elle rejoint son équipe dont la mission est de rechercher des empreintes d'éléphants et des traces de braconniers. Même si c'est dur, c'est tout ce qu'elle aime : « J'ai 20 ans et depuis deux ans, je consacre ma vie à la sauvegarde de ce patrimoine. Nous avons certains animaux qui sont uniques au monde, qui peuvent être un pilier pour le développement de notre pays grâce au tourisme. »
« C'est une guerrière ! »
La saison des pluies inonde de nombreuses zones du parc, obligeant les écogardes à marcher plusieurs heures dans des endroits marécageux. Ludovic, un écogarde, admire la bravoure de Bertille : « C’est un travail difficile et, habituellement, les femmes ne sont jamais motivées pour le faire. Pour protéger notre vie et celles des animaux, nous avons suivi une formation quasi-militaire. Nous affrontons régulièrement des braconniers armés, mais elle se défend toujours bien. C'est une guerrière ! »
Bertille se souvient de son frère qui rêvait de devenir écogarde pour préserver ce patrimoine, mais il a été tué dans la fleur de l'âge en 2013 par des hommes armés dans le champ de ses parents : « Ce qui est certain, c'est que mon frère décédé voulait être un héros de la conservation. Pour honorer sa mémoire, j'ai décidé de poursuivre le combat jusqu'au bout. Je pense qu'il est fier de moi là où il est. »
Alors que le parc Manovo-Gounda Saint Floris est classé au patrimoine mondial de l'Unesco en péril, Bertille et ses compagnons travaillent d'arrache-pied pour sauver ce joyau.
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