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Des exportations de charbon venant de territoires ukrainiens occupés suscitent le débat
Edité par Radio France Internationale
Contrairement aux États-Unis et à l'Europe, la Turquie, membre de l'Otan, n'a pas renoncé à commercer avec la Russie. C'est ce que prouvent les dizaines de milliers de tonnes de charbon expédié en Turquie cette année.
Les exportations de charbon, issu des territoires de Louhansk et Donetsk vers la Turquie, se chiffreraient à plus de 14 millions de dollars depuis le début de l’année.
Selon les chiffres des douanes compilés par l’agence Reuters qui a mené l’enquête, 95% du charbon exporté depuis les régions annexées de l’est de l’Ukraine entre février et juillet est parti vers la Turquie, soit 160 000 tonnes.
Ce charbon provient d’une dizaine de fournisseurs enregistrés en Russie et dans les territoires ukrainiens occupés. Il aurait été en partie au moins expédié du port de Novorossiisk, sur la mer Noire.
Des acheteurs discrets
Sur le papier, les acheteurs ne sont pas turcs, mais des sociétés importatrices enregistrées à Hong Kong, aux Émirats arabes unis ou dans des juridictions « offshore » comme le Belize et les îles Vierges britanniques.
Les bénéficiaires finaux de ce charbon n’ont pas été identifiés par l’agence de presse. Impossible de savoir pour l’instant si tout ou partie seulement du charbon a ensuite été ensuite réexporté depuis la Turquie.
Ce pays est lui-même un important consommateur : durant le premier trimestre de l’année, la Turquie a en effet augmenté d’un quart le pourcentage de son électricité produite à partir de charbon.
Du charbon, mais aussi du blé et du cuivre
L’arrivée de ce charbon issu des territoires annexés interroge sur la position d'un pays qui s’est illustré comme médiateur pour la mise en place d’un corridor céréalier l’année dernière, et qui fait partie des membres de l’Otan.
La Turquie n’a certes jamais restreint son commerce avec la Russie, mais elle a assuré qu’elle reconnaissait l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
La Turquie est loin d’être le seul pays à importer des matières premières issues de ces régions occupées. Au début de la guerre, Kiev avait déjà dénoncé l’exportation de céréales stockées à Kherson, notamment vers la Syrie.
Et ce printemps, c’est du cuivre provenant d’une usine de la zone de Donetsk qui aurait été vendu à une société chinoise, selon l’agence Reuters.