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Bad Bunny, triste pop

Lucile Commeaux
Diffusé le mercredi, 01 novembre 2023 (3 min)


Alors que paraît un long album intitulé "Nadie sabe lo que va a pasar mañana", petite réflexion sur le devenir mélancolique du prince du reggaeton portoricain.


   
Provient de l'émission
Le Regard culturel

Au programme
  • Ce matin, un disque, le dernier en date de la star portoricaine Bad Bunny, immense phénomène de la pop, un des plus streamés au monde…

    Bad Bunny fait sa sauce d’Aznavour, dans un morceau qui s’appelle Monaco, tout comme il sample en d’autres lieux Vogue de Madonna, ou l’Histoire d’un amour de Dalida. L’album s’appelle Nadie sabe lo qui va a pasar mañana : "personne ne peut dire ce qui se passera demain", cliché de langue, qui a l’air comme ça d’une banalité, mais qui sonne dans ce très long disque comme une réflexion profondément mélancolique, désenchantée, triste même, on peut le dire. 
    Cette mélancolie, elle apparaît à revers de ce que Bad Bunny fut, et de l’image qu’il a encore sans doute pour beaucoup : celui d’un beau gosse flamboyant, immense star à Porto-Rico et dans le monde entier, où il remplit les stades, et surtout, où il nourrit allégrement la bande son de clubs et de fêtes. De son vrai nom Benito Antonio Martinez Ocasio, à peine trente ans, il a déjà négocié de sacrés tournants dans sa carrière et son image publique. Il a d’abord épousé volontiers la figure hyper mâle et agressive du reggaeton, pour devenir une sorte de héraut de la nouvelle masculinité et du progressisme, ouvrant ses textes à des saillies plus politiques et ses beat à des sons plus sophistiqués. Avec cet album, il s’éloigne encore un peu plus de ses débuts, Nadie sabe lo que va a pasar mañana est presque entièrement vide de reggaeton - déhancheurs, passez votre chemin.

    Épuisement et vitalité de la pop

    On en retrouve bien quelques traces ici où là, mais fugaces, comme empêchés, pris dans une gangue musicale beaucoup plus lourde, et dans des textes qui disent moins la vitalité conquérante que le doute et la solitude. Sur les visuels attachés à l’album, Bad Bunny est pourtant en fière posture, chevauchant un cheval sauvage, mais c’est une image que la musique saborde d’emblée, dans un mélange de trap contemporaine et de hip-hop californien un peu daté : le périple est comme inversé, du dehors au dedans, du succès au repli, l’americana menacée sans cesse par les ruptures de rythme. Évidemment, toute cette tristesse, cette mise en doute permanente, est contredite par la longueur de cet album, qui est harassant à la longue avec ses seize titres, mais elle dit quelque chose d’une certaine pop à succès, qui va chercher dans la noirceur et l’épuisement les conditions esthétiques de sa vitalité.

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