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J-N. Barrot: "Donnons vite à l’Ukraine les armes nécessaires, tout en développant notre industrie"
Edité par France 24 - 2024
Ce samedi sonne le coup d’envoi de la campagne des élections européennes pour le camp du président de la République. L’opportunité pour le parti Renaissance de rappeler son bilan et sa vision pour l’Europe des cinq prochaines années. Mais il est toujours à la traîne dans les sondages, dix points derrière le Rassemblement national, donné autour de 28 %.
"Jamais peut-être le bulletin de vote [des électeurs] n'aura eu autant d'importance que le 9 juin prochain" avertit Jean-Noël Barrot : "La question n’est pas tant de savoir qui est devant qui ou derrière qui, mais de pouvoir envoyer le maximum de députés en fonction de votre sensibilité au Parlement européen pour qu'ils puissent vous y représenter." Le nouveau ministre délégué aux Affaires européennes espère que sortira du scrutin "une Europe plus forte, plus unie et démocratique [...]. Ce sera l’occasion de démasquer un certain nombre de contradictions internes au Rassemblement national", indique par ailleurs le ministre, soulignant l'absentéisme des parlementaires du RN "qui ont déserté le Parlement, plutôt que d’y prendre une part active pour honorer le mandat qui leur avait été confié par les Français il y a cinq ans".
Il pointe "certaines des incohérences, des inconsistances de l’extrême droite française", alors que le parti de Marine Le Pen a voté contre le Pacte asile et immigration au Parlement européen précise le ministre. Un paradoxe selon lui, car cet ensemble de loi devrait permettre précisément d’assurer "un contrôle effectif des frontières de l’UE et de lutter efficacement contre l’immigration irrégulière".
"L’élargissement doit s'accompagner d'une réforme de l'Union européenne"
Alors que les leaders européens ont rejeté en bloc l'éventualité évoquée par Emmanuel Macron d’envoyer des troupes en Ukraine, le ministre préfère au contraire rappeler "l’unité et la détermination" affichée par les États membres. Le 26 février dernier, ils ont convenu ensemble "de faire plus, de faire mieux et faire davantage pour l’Ukraine", rappelle-t-il. "La vérité, c'est que même si chacun fait à sa mesure selon ses moyens, il y a une unité de vue, il y a de la complémentarité dans l'aide apportée à l'Ukraine", assure le ministre.
Quant à son adhésion à l’Union européenne, le ministre réaffirme que la place de l’Ukraine est bien dans le club. Kiev devra néanmoins "mettre en œuvre un certain nombre de réformes de manière à se rapprocher du socle de l’État de droit européen". À l’heure où certains des Vingt-Sept s’inquiètent d’un possible dumping social avec l’arrivée de l'Ukraine dans l’UE, Jean-Noël Barrot affirme que "l’élargissement doit s'accompagner d'une réforme de l'Union européenne".
En particulier précise-t-il "de ses politiques, de manière à ce que l'arrivée progressive de l'Ukraine, de la Moldavie dans l'Union européenne ne vienne pas déstabiliser un certain nombre de marchés, un certain nombre de citoyens, de même que les politiques de cohésion et la politique agriculture commune, qui aujourd’hui en Europe sont la garantie de la préservation de notre modèle".
Vers davantage d’autonomie en matière de défense
À l’approche du scrutin outre-Atlantique – avec un Donald Trump favori des sondages –, Jean-Noël Barrot rappelle l’importance pour notre continent de poursuivre ses efforts afin d’acquérir davantage d’autonomie en matière de défense. "Nous avons une Europe qui, pendant des décennies, s'est appuyée ou s'est reposée sur certains de ces grands alliés pour sa défense" rappelle-t-il. "Il est temps qu’elle sorte de cette situation de dépendance".
Reprenant les mots du chef de l’État, Jean-Noël Barrot rappelle que "la nécessité de mettre entre les mains des Ukrainiens tout ce dont ils ont besoin rapidement pour résister aux assauts de la Russie et de Vladimir Poutine", tout en réveillant, dit-il, "notre base industrielle de défense, notre industrie de défense au niveau européen, pour que nous puissions, dans la durée, assurer ce soutien à l'Ukraine, quel que soit le sort des autres grands pays producteurs d'armement".
Enfin, Ursula Von der Leyen a été investie comme candidate par le Parti populaire européen et peut désormais officiellement se présenter pour briguer un deuxième mandat. Jean-Noël Barrot s’en félicite. "Le groupe Renew, les centristes, les démocrates ont participé de plein pied à la majorité au Parlement européen, a-t-il rappelé, ce qui a été traduit sous la forme de textes européens par la Commission, dont c’est le rôle. Je ne vais pas me désolidariser de ce bilan dont nous sommes fiers !"
Une émission préparée par Sophie Samaille, Céline Schmitt, Luke Brown, Johan Bodin et Perrine Desplats