Syracuse

En août dernier, Vladimir Poutine s’est rendu en Tchétchénie, une première depuis 2011. Si les relations entre Grozny et Moscou sont relativement stables depuis la fin de seconde guerre de Tchétchénie en 2000 - des combats ont néanmoins eu lieu jusqu'en 2009 - cette visite a été l'occasion pour Ramzan Kadyrov, le dictateur à la tête de la république fédérée de réaffirmer publiquement son allégeance au chef du Kremlin.

Dès son arrivée au pouvoir en Tchétchénie, en 2004, suite à l'assassinat de son père Akhmad Kadyrov, le dirigeant tchétchène s’est vu accorder une grande autonomie par Moscou, ainsi qu’une manne financière importante, en échange de la stabilité dans la région. Depuis, il dirige la Tchétchénie d’une main de fer, alliant un système de rétribution des chefs de clans à une répression féroce de toute opposition. Il s’appuie également sur l’islam, religion ultra-majoritaire en Tchétchénie, en promouvant un “bon islam”, l’islam officiel soufi, contre un “mauvais islam”, celui des terroristes.

Mais bien qu’il affiche une loyauté sans faille à l’égard de Moscou et de Vladimir Poutine, le dirigeant n'hésite pas à jouer avec les lignes rouges et à régulièrement tester les limites de son autonomie. Par exemple, s'il affiche un soutien sans faille à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, envoyant même des contingents d’hommes participer au conflit, il a pu critiquer la position de certains dirigeants russes, les accusant de ne pas être assez volontaires au sujet de l’offensive.

Focus :  L'ONG russe Memorial en Tchétchénie : faire face aux guerres puis aux abus de Kadyrov

Avec Alexandre Tcherkassov, ex-président du conseil des droits humains de l’ONG Memorial, dissoute par les autorités russes en 2021, lauréate du prix Nobel de la paix en 2022.

Memorial est une ONG russe de défense des droits de l’homme en URSS en premier lieu, qui a continué à agir dans tout l’espace post-soviétique à partir de 1991. Implantée en Tchétchénie, elle a notamment fourni un travail informationnel sur les deux guerres qu’a connues la république fédérée dans les années 1990 ainsi qu’une aide humanitaire et juridique aux victimes de ces conflits. Restée active dans la région à la fin de la seconde guerre, elle a subi au fil du temps de plus en plus de pressions de la part du régime de Kadyrov mais aussi au niveau fédéral, une de ses membres, Natalia Estemirova, ayant été assassinée en 2009. Depuis, l’ONG a fermé son bureau à Grozny et ceux dans le Nord-Caucase, avant d’être dissoute en 2021 au niveau fédéral par la Cour Suprême russe. L'année suivante, elle obtenait le prix Nobel de la paix.

Références sonores

- Vladimir Poutine rencontre Ramzan Kadyrov en Tchétchénie, Euronews, août 2024

- Kadyrov promet à Poutine que les troupes en Ukraine se battront ‘jusqu’à la victoire’, ln24.be, mars 2023

- Base militaire en Tchétchénie, TF1, 2022

- La Cour suprême dissout l'ONG Memorial, Le Figaro, décembre 2021

Chanson : Mav-d - "Shanti" (2024)