24 août 1991, l'Ukraine proclame son indépendance, indépendance plébiscitée par 90 % des Ukrainiens dont les oblasts du Donbass à plus de 80 %. Depuis les années 2000, le sentiment nationaliste s'est renforcé.
La révolution orange
L’année 2004 a marqué une charnière avec le déclenchement de la Révolution orange, conséquence du truquage des élections présidentielles par le dauphin désigné de Koutchma, alors Premier ministre, Viktor Ianoukovitch. Celui-ci bénéficiait du soutien de Moscou face au candidat proeuropéen Viktor Iouchtchenko. La victoire du proeuropéen Iouchtchenko en 2004 a amorcé une décennie de tentatives de déstabilisation du nouveau pouvoir démocratiquement élu par la Russie.
L’Ukraine tentant de se dégager de l’emprise russe a entrepris un rapprochement stratégique avec l’Union européenne, qui a lancé en 2008 le Partenariat oriental en direction de ses nouveaux voisins de l’Est, à l’issue du grand élargissement de 2004-2007. Mais la persistance des problèmes de corruption, ainsi que les difficultés économiques issues de la crise de 2008, provoquèrent la défaite écrasante de Iouchtchenko lors de l’élection de 2010, remportée cette fois par Ianoukovitch.
La révolte de Maïdan
Le 21 novembre 2013, le président Viktor Ianoukovitch, au pouvoir depuis 2010, annonce son refus, sous la pression de Moscou, de signer fin novembre à Vilnius l’accord d’association entre son pays et l’Union européenne. Le soir même, des journalistes, des militants, des leaders d'opinion, appellent à la mobilisation via les réseaux sociaux. Quelques centaines de manifestants se rassemblent sur la grande place de l’Indépendance, communément appelée « Maïdan ». Des manifestants sont encerclés, tabassés, poursuivis dans la rue, interpellés, portés disparus et retrouvés seulement quelques jours plus tard. Dans un pays où jusqu’alors les mobilisations citoyennes s’étaient déroulées dans le calme, des grèves de la faim des étudiants en 1990 à la révolution orange de 2004, cette violence gouvernementale indigne : le mouvement se transforme en une révolte massive. Ces journées sanglantes précipitent les événements, et débouchent sur la fuite de Viktor Ianoukovitch de Kiev, dans la nuit du 21 au 22 février 2014.
L'annexion de la Crimée et la sécession du Donbass
Alors qu'à Kiev les manifestations de février 2014 conduisent à la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovitch, les forces russes prennent possession de la péninsule. En mars 2014, au lendemain du référendum d'autodétermination (non reconnu par la communauté internationale), la Russie annexe la Crimée. En avril 2014 des activistes séparatistes prennent le contrôle des régions de Donetsk et Louhansk et déclarent leur autonomie en mai après l'organisation de référendums, jugés illégaux par Kiev. Des miliciens locaux encadrés par des mercenaires russes se heurtent à l'armée ukrainienne et à des « bataillons volontaires » qui lancent une opération militaire. Les combats font 13 000 morts au total et au moins 1,5 million de déplacés internes dans le pays.
Russie - Ukraine : quels liens ?
L'année 2014 provoque en Ukraine une prise de conscience nationale très forte. Le passé soviétique est désormais assimilé plus largement à un passé russe avec lequel il faut rompre. Le déboulonnage de la statue de Lénine à Kharkov en septembre 2014 en témoigne.
Autre point de discorde entre l'Ukraine et la Russie : l’Ukraine est passée par toutes les étapes majeures de l’histoire européenne, ce qui n’est pas le cas de la Russie. Si l’on prend les références historiques françaises ou ouest européennes comme l’État médiéval, la Renaissance, la Réforme, le Baroque : toutes ces choses étaient présentes en Ukraine, à la différence de la Russie.
Enfin, il faut prendre en compte la question linguistique. Ce qui est mal compris, c’est que les Ukrainiens ont deux langues. Et ils passent sans cesse de l’une à l’autre, ce qui leur confère une certaine flexibilité mentale. C’est une des choses qui les différencie des Russes.