Musique de fin : 'l sont tous les deux communistes. A l'occasion des 100 ans du Parti Communiste Français, ils témoignent de leur parcours, ce qui les a poussé vers cette pensée politique, leurs luttes et leurs espoirs.
Damien est enseignant en histoire-géographie, il a 40 ans et est membre du parti communiste depuis 2012.
Il a grandi dans un petit village de quelques centaines d'habitants, majoritairement des agriculteurs, comme ses parents. Un monde en vase clos, où il y a peu d'inégalités car tout le monde est logé à la même enseigne.
Comme tous les fils d'agriculteurs, il passe ses étés à travailler à la ferme. A 21 ans, il contracte la maladie de Hodgkin, à cause des pesticides et des produits phytosanitaires utilisés à la ferme.
Je me vois dans le miroir, je me vois malade, défiguré. Je me dis que si j'en ressors vivant, il faudra être différemment dans le monde.
Il commence la chimiothérapie, perd ses cheveux, c'est un choc difficile à encaisser.
Ce que je vis à ce moment-là c'est un moment difficile, mais c'est aussi la découverte de tout ce qui nous sauve au quotidien : les infirmiers.ères, les autres patients, les médecins. Tout un monde du service public, de la chaleur humaine et de l'empathie. Ça m'a sauvé.
Il se rend compte que certaines personnes ne font pas que leur travail, il y a des gens qui sont au service des autres, pour les soigner, les soulager.
En 2002, Damien passe encore beaucoup de temps à l'hôpital, alors que la réforme des politiques publiques commence. Le personnel soignant est inquiet, ils doivent faire des économies.
Le médecin me dis, un peu maladroitement, que si je vomis le médicament, il faudra le récupérer car il coute très cher.
Confronté à la difficulté des soins et au langage comptable qui s'impose aux soignants, Damien se met en tête de défendre et soutenir l'état providence.
Damien a un peu plus de vingt ans, il suit ses cours à l'université et sa chimiothérapie en même temps. Bien que dans sa famille l'éducation politique n'existe pas vraiment, il s'engage et adhère au parti communiste. Il devient alors le tout premier communiste de sa famille.
Mon père m'a dit "C'est un truc d'ouvrier, toi, t'es pas un ouvrier". Il y avait vraiment l'idée que d'adhérer à un parti était avant tout un marqueur social, et qu'il ne fallait pas se tromper d'identité, de combat.
En tant que seul communiste de sa famille, il tente d'expliquer à ses proches que son combat revient aussi à se battre pour que les plus pauvres aient accès à la propriété, entre autre. Cependant, il ne cherche pas à militer chez lui, et mène ses combats ailleurs.
On n'a pas à faire de la propagande chez soi. On peut apporter un éclairage différent, mais il ne s'agit pas de militer chez soi.
Samuel a 74 ans, il est né dans une famille juive très modeste, à Alexandrie. A l'époque, l'Egypte ne propose aucune aide sociale aux populations dans le besoin, ni chômage, ni sécurité sociale. Lorsque son père perdait son travail, toute la famille se retrouvait sans rien et devait aller mendier.
Je crois que cette idée d'humiliation, des différences de classe m'a marquée considérablement dès ce moment-là.
Après les évènements liés à la nationalisation du canal de Suez, la famille de Samuel doit quitter le pays. Ils arrivent en France en 1956, à Marseille avec quelques milliers d'autres rapatriés d'Egypte.
C'est l'époque des grands ensembles, l'Etat permet aux familles modestes de faire un prêt pour devenir propriétaires de ces nouveaux appartements. En parallèle, la guerre d'Algérie s'intensifie, Samuel suit les évènements à la radio et se dit :
Quand il y a le fascisme on ne tergiverse pas, il faut entrer en résistance.
A l'époque, il sort avec une jeune fille, dont le père était militant communiste. Il rencontre ce monsieur dans le but d'adhérer au parti.
Il m'a dit d'aller aux jeunesses communistes, mais je ne voulais pas, je voulais le vrai combat. Je lui ai dit "Je veux adhérer au PC. J'ai 17 ans." Alors que j'en avais un peu plus de 14.
Samuel participe aux discussions et aux collages dans son quartier, il milite.
Ma mère a eu cette formule qui m'a marqué : "mon dieu, mon dieu, mon dieu, mes trois enfants sont communistes".
**Reportage : Ilana Navaro **
Réalisation : Cécile Laffon
Merci à Damien, Samy Johsua, Nina Léger, Pierre Conejero.
**Musique de fin : "L'Estaca" de Motivés - Album : Motivés ! Chants de lutte - Label : Tactikollectif - 1997. **