Comment l’histoire, la littérature et le cinéma ont-ils montré la puissance du mythe du vampire à se renouveler sans cesse et être le miroir de nos terreurs les plus profondes ? Nous voyageons à travers le mythe du vampire, depuis ses origines dans l’Antiquité jusqu’à ses ultimes incarnations dans le cinéma ou la bande dessinée.
Vampire, le mort-vivant
L’archéo-anthropologue Philippe Charlier, qui est aussi médecin légiste, évoque la nécrophobie comme substrat de cette croyance, la difficulté d’établir le diagnostic de la mort et la peur d’être enterré vivant qui accompagne les populations. Dans certains cimetières qu’il a fouillés, des sépultures témoignent de la croyance aux vampires dans le passé avec des cadavres empalés.
Contrairement aux fantômes qui sont immatériels, le vampire a une existence tangible. Il est pratiquement immortel et a toutes les caractéristiques d'un antéchrist, il fallait alors s'en prémunir et l'empêcher de nuire en le clouant dans son cercueil par exemple.
Le vampire et la mort épidémique
Philippe Charlier affirme que "l’icône même de la mort épidémique, c’est le vampire." Les grandes modes vampiriques correspondent très souvent aux périodes d'épidémies de peste alors que l'on cherchait des explications à ces phénomènes tragiques.
"Quand il y avait des épidémies de peste, on s’empressait de mettre les cadavres soit dans les fosses communes, soit dans des tombes spécialement aménagées, sans s’assurer que la mort clinique avait fait son effet. Et parfois quand on ouvrait un caveau funéraire, on retrouvait des cadavres couverts de sang parce que les malheureux avaient essayé de sortir de leur tombe et s’étaient infligé des blessures donc il y a une explication rationnelle à ça, mais pour les superstitieux, ça se traduisait par le fait que ces gens étaient des vampires", raconte Jean Marigny.
Le vampire suceur de sang
La mort par succion de sang est une peur très ancienne que l'on retrouve dans le Dracula de Bram Stoker. Si c’est en pleine révolution industrielle que l’Irlandais Bram Stocker livre la version canonique du comte Dracula avec la parution de son roman en 1897, à sa suite le cinéma va produire des chefs-d’œuvre qui montrent la puissance de ce mythe pour incarner les questions de la modernité.
La morsure est caractéristique du vampire, la représentation de sa dentition au cinéma est ainsi très révélatrice. La dimension érotique de Dracula, à travers les morsures, apparaît très tôt, dès son incarnation au début des années 1930 par l'acteur dandy Béla Lugosi. Le thème du sang susceptible de contaminer son prochain fonctionne comme métaphore jusqu’à l’époque la plus contemporaine.
Un documentaire de Elise Gruau, réalisé par Anna Szmuc
Extraits de films :
- Dracula de Francis Ford Coppola
- Le bal des vampires de Roman Polanski
- Entretien avec un vampire de Neil Jordan
- Nosferatu de Werner Herzog
- Only lovers left alive de Jim Jarmusch
Bibliographie
Liens