Une fois éteints les spots sur le ring, pour beaucoup de boxeurs sans grades, c’est la course aux sponsors et le combat quotidien pour facturer un cachet. On est loin de l’âge d’or du noble art incarné par un des plus grands combattants français : Georges Carpentier, premier champion du monde de la discipline… en 1920 ! Une époque où pour Stéphane Hadjeras, boxeur et historien, on boxait simplement mieux : “Ils boxaient mieux dans le sens de la définition de la boxe : toucher et ne pas être touché. Les boxeurs qui arrivaient à durer et à devenir de grands champions, c'étaient de fins techniciens, comme il n’y en a eu plus. Les combats étaient pratiqués de manière plus brutale, et j'émets l'hypothèse que la boxe est peut-être, l’un des rares sports qui a régressé techniquement et physiquement”.
Nasser Negrouche, ancien boxeur regrette également ce que devient ce sport : “La boxe qu'on nous propose aujourd'hui, c'est Berlusconi, c'est la téléspectacle, c'est du divertissement. On est passé d'un sport qui était respecté, noble, à un sport qui est aujourd'hui un peu un théâtre. C'est devenu un triste business, sans magie, sans passion, avec une scénarisation des combats, puisque le verdict, on le connaît presque d'avance tellement les combats sont déséquilibrés. Et du coup, c'est vrai que ça perd de ce côté inattendu, de ce côté drame lyrique”.
Said Bennajem, aussi, est très critique face au défi que représente la vie dans ce monde sportif : “Heureusement que j'avais un plan B avec ma reconversion, mais si j’avais continué la boxe, aujourd'hui, je serais videur d'une boîte de nuit, avec tout le respect que j'ai pour les videurs, je serais magasinier, je ne serais pas ce que je suis aujourd'hui. Excusez-moi de le dire, mais c'est le bordel. Moi, je suis passionné par ce sport, je suis passionné par les gens, je suis passionné par les boxeurs et les boxeuses, mais je trouve que le monde de la boxe, notre fédération, le monde des promoteurs, ceux qui gèrent la boxe, ils ne sont pas à la hauteur”.
Mais, heureusement, ça reste un univers de passionnés, qui s’ouvre aux autres, comme dans ces salles où des personnes en situation de handicap mental transcendent leurs états pour envoyer des uppercuts au destin…
Un documentaire de Michèle Pomarède et Jean-Philippe Navarre.
Avec :
Stéphane Hadjeras, boxeur et historien, auteur de « Georges Carpentier, l’incroyable destin d’un boxeur devenu star »,
Le philosophe Axel Fouquet,
Nasser Negrouche,
Youssef Debah,
El Habib Benkouider anciens champions de boxe et membres du boxing club de Choisy, Brice Faradji, ancien boxeur,
Said Bennajem coach au Boxing Beats d’Aubervilliers,
Emmanuel Negroni, responsable du ring parisien et initiateur de la section Handi boxe
Et l’écrivain Elie Robert-Nicoud.
Bibliographie :
- Joyce Carol Oates, « De la boxe », Stock, 2001
- Jake LaMotta, « Raging bull », 13e Note Editions, 2013
- Mick Kitson, « Poids plume », Editions Métailié, 2022
- Jean-Philippe Lustyk,« Le grand livre de la boxe », Marabout, 2019
- Norman Mailer, « Le combat du siècle », Folio, 2002
- Jim Tully, « Le boxeur », Les éditions du Sonneur, 2020
- Nick Tosches, « Night Train », Payot, 2007
- Jack London, « Un steak », éditions Libertalia, 2010
- Frédéric Roux, « Alias Ali », Fayard, 2013
- Jérôme Beauchez, « L’empreinte du poing : la boxe, le gymnase et leurs hommes », éditions EHESS, 2014
- Loic Waquant, « Corps et âme : carnets ethnographiques d'un apprenti boxeur », Agone, 2002
- Alexis Philonenko, « Histoire de la boxe », éditions Bartillat, 2018
- Daniel Rondeau, « Boxing Club », Grasset, 2016
- Elie Robert-Nicoud, « Scènes de boxe », Stock, 2017
- Brice Faradji, « Je ne sais toujours pas si j’aime la boxe », éditions Jean-Claude Lattès, 2021
Filmographie :
- Antony Pinelli « Dans la cour des grandes »
- Frederic Wiseman « Boxing Gym »
- Clint Eastwood « Million dollar baby »
- Charles Sutton « Dans les cordes »
- Sylvester Stallone « Rocky »
- Michael Mann « Ali »
- « Mon père était boxeur », un documentaire et une bande dessinée de Barbara Pellerin aux éditions Futuropolis.
Partenariat
LSD, La série documentaire est en partenariat avec Tënk , la plateforme du documentaire d’auteur, qui vous permet de visionner jusqu'au 31/10/22 le film de Isabelle Broué - Lutine (97' - 2016)