Le coup d’envoi de la Coupe du monde de rugby en France aura lieu le 8 septembre 2023. Il s’agit de la 10e depuis 1987, mais seules quatre nations sont parvenues à se hisser tout en haut du palmarès de la Coupe du monde de Rugby à XV.
S’il est un sport mondial, qui se joue sur tous les continents, le rugby est-il pour autant un sport universel ? La géographie de la Coupe du monde recoupe-t-elle celle de la pratique sportive du rugby ? La Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud ont remporté trois fois chacune le trophée, l’Australie deux fois, et l’Angleterre, nation-mère de ce sport, une fois. Le rugby a donc cette particularité d’être un sport inventé dans l’hémisphère nord, mais dont les vainqueurs de la Coupe du monde sont souvent des pays de l’hémisphère sud. Comment l’expliquer ?
Et à l’échelle nationale, quelles sont les raisons qui président à l’implantation du rugby dans le sud-ouest de la France et quels enjeux territoriaux et culturels cet ancrage recouvre-t-il ? Dans quelle mesure les commentateurs sportifs surjouent-ils le côté régional du rugby ?
Avec Carole Gomez, assistante diplômée à l’Institut des Sciences du Sport de l’Université de Lausanne et autrice de Géopolitique du rugby dont la 2ème édition paraît chez Dunod le 13 septembre.
Et Valérie Bonnet, lexicologue et analyste du discours, dont les recherches portent sur les langages et la médiatisation du sport et des sportiv.e.s.
La carte du territoire
"En réalité, la Coupe du monde de rugby n’est pas si mondiale que ça : ce sont toujours les mêmes pays qui gagnent mais ce sont toujours aussi les mêmes qui participent. Lorsque l’on regarde quels sont les pays qui sont qualifiés pour la Coupe du monde 2023 – et la situation était similaire pour les éditions précédentes – , il y a 12 places qui sont déjà « trustées », et il n’y a que 20 nations qui participent, ce qui signifie que le reste du monde se partage seulement huit places. C’est une ouverture qui est un peu difficile. C’était le propos tenus par Jean-Pierre Augustin dans son étude géographique du rugby, qui expliquait que c’était une mondialisation inachevée et peut-être au fond, inachevable… Car cette pratique qui est née au début du XIXe siècle au Royaume-Uni s’est in fine assez peu développée. Aujourd’hui, on compte 132 fédérations nationales qui font partie de la fédération internationale, un chiffre qui, à l’échelle du sport, est tout petit, comparé à la FIFA ou à la fédération internationale de volley qui en compte plus de 220. La pratique du rugby est très ancrée dans certains pays, même si on observe un fléchissement, que les choses sont en train d’évoluer par le biais de différents canaux : la professionnalisation […], l’arrivée du rugby à 7 dans le programme olympique depuis les JO de Rio de 2016, et la féminisation, qui a permis de grossir les rangs des licencié.es et des pratiquant.e.s de rugby."
Retrouvez la carte du territoire dès le mardi sur @Mgarrigou