Première partie : Retour de Bosnie-Herzégovine
Alors que l’Union Européenne est focalisée sur l’Ukraine, Josep Borrell, haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères, a tout de même rappelé dimanche dernier, que la Bosnie-Herzégovine vivait une situation “plus préoccupante que jamais”, dans une région où Moscou joue aussi un rôle. Depuis plusieurs mois, Milorad Dodik, le leader de republika Srpska, parti nationaliste serbe en Bosnie Herzégovine, porte un discours de plus en plus sécessioniste, en menaçant de quitter les institutions du pays pour recréer une entité bosno-serbe. Au mois de décembre 2021, il demandait à son gouvernement de mettre en place une sécession pour le mois de juin 2022.
Depuis l’été 2021, Milorad Dodik ne se contente pas de parler de l’hypothèse d’une indépendance, mais il semble mettre en œuvre un plan réel de sécession. Personne ne sait jusqu’où il veut aller, mais sa marge de manœuvre, sans l’aval de Belgrade, est limitée. Or on ne connait pas aujourd’hui l’avis de la Serbie sur la question. Jean-Arnault Derens
Avec Jean-Arnault Derens, rédacteur en chef du Courrier des Balkans.
Table ronde d'actualité internationale
Alors que Vladimir Poutine avait déclaré le 23 février la reconnaissance des régions séparatistes de l’Est de L’Ukraine, il a franchi un nouveau pas, jeudi 24 février, en lançant une opération militaire chez son voisin. Un drame pour les Ukrainiens qui comptent déjà leurs morts... mais aussi un choc pour les Européens qui, pendant des mois, avaient essayé de maintenir le dialogue avec le chef du Kremlin. A l’instar d'Emmanuel Macron, président français également à la tête de la présidence tournant de l’Europe, qui a multiplié les contacts pendant les semaines qui ont précédé l'invasion.
Que va-t-il se passer maintenant ? Que peuvent faire les européens face à cette nouvelle guerre qui éclate sur le continent ? Comment faut-il se comporter avec un dirigeant qui n’a que faire du droit international et du respect de ses propres engagements ?
Les européens ont une grille d'analyse qui diffère fondamentalement de celle de la Russie. Pour nous, l’hypothèse d’avoir un conflit en Europe, entre deux pays souverains, qui engage une armée sur un conflit traditionnel, était totalement inconcevable. Christine Dugoin-Clément
Le discours du Kremlin est de dire que l’Occident a toujours cherché à nuire à la Russie. Quand on prend des sanctions, on nourrit ce narratif. Les politiques de sanctions relèvent de la question morale et servent à se donner bonne conscience. Mais elles ne fonctionnent jamais : les sanctions n'ont pas fait tomber Saddam Hussein en Irak, elles n'ont pas fait tomber le régime de la révolution islamique en Iran ou le régime socialiste à Cuba et elles n'ont pas arrêté la Russie en Ukraine. Julien Théron
Florian Delorme reçoit Christine Dugoin-Clément, chercheuse associée à la chaire «risques» de l’IAE de Paris, Sorbonne Business School et analyste géopolitique du think-tank CAPEurope et Julien Théron, docteur en philosophie politique et enseignant en études des conflits à Sciences Po.
Le dessin de la semaine
Références musicales
- « Identiteti (feat. Noti Limun, Spit) » de Stoposto (autoproduit)
- « Dostochka » du groupe ukrainien Dakhabrakha (autoproduit)