Ils se sont réunis à Montreux en Suisse, puis à Bouznika au Maroc. Après le cessez-le feu annoncé le 21 août entre les différentes factions rivales en Libye, les représentants des autorités de Tripoli qui contrôlent l’Ouest du pays et celle de Tobrouk à l’est ont accepté de s’assoir à la table des négociations pour un nouveau dialogue inter-libyens sous l’égide de l’ONU.
Ce n’est pas la première fois qu’une trêve est annoncée en Libye mais le processus en cours laisse enfin espérer une accalmie pour ce pays durement éprouvé par la guerre civile, l'instabilité politique chronique et les multiples ingérences extérieures.
Le 16 septembre, le chef du gouvernement d’union nationale, Fayez el-Sarraj, a même annoncé sa démission d’ici fin octobre afin de permettre la constitution d’un nouvel exécutif. Les parties ont également promis l’organisation d’élections législatives et présidentielles dans les 18 mois.
Car il y a urgence en Libye. Eprouvés par des années de guerre la population se retrouve désormais confrontée à une grave crise économique et une profonde dégradation de ses conditions de vie. Le blocus pétrolier décidé en janvier par le Maréchal Haftar – qui contrôle avec ses troupes une partie du territoire – en est en partie responsable. Les nombreuses milices, souvent incontrôlables entretiennent de leur côté un sentiment d’insécurité et d’instabilité.
Ainsi, de manière inédite des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du pays aussi bien à Tripoli dans l’Ouest qu’à Benghazi à l’Est. Des gens ordinaires, souvent jeunes, sont descendus dans la rue pour dénoncer le coût de la vie, la dégradation des services publics et la corruption.
Le réveil de cette société civile pourrait-il accélérer les négociations en vue de la formation d’un gouvernement enfin uni et enfin représentatif de l’ensemble du territoire ? Les négociateurs pourront-ils mettre leurs rivalités de côté pour répondre ensemble aux nombreux défis qui attendent la Libye ? Ou bien le climat d’insécurité – tant militaire qu’économique – aura-t-il raison de la promesse de transition politique et d’élections ?
Les protestations, en Libye, ne sont pas très politisées. Elles sont manipulées par les élites politiques et sont d'ailleurs perçues comme des opportunités par ces dernières - et cela prend place du côté d'Haftar comme de celui de Sarraj. Jalel Harchaoui
Le focus du jour
22 novembre 2020 : élections au Burkina Faso
Avec Bakary Sambe, Directeur du Timbuktu Institute - African Center for Peace Studies - basé à Dakar, et professeur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis.
On a vu surgir, ces dernières années et au Burkina Faso, une forme de violence qui est due au débordement du djihadisme à partir de son épicentre malien - avec l'émergence d'un mouvement religieux contestataire. C'est une violence qui a étonné plus d'un, car historiquement, le Burkina Faso porte des valeurs d'entente et de concorde. Bakary Sambe
Extraits sonores
- Extrait de l’allocution télévisée de Fayez al-Sarraj dans laquelle il annonce sa volonté de quitter ses fonctions de chef du Gouvernement d’union national libyen (France 24, 16 septembre 2020)
- Un manifestant de Benghazi proteste contre la corruption endémique dans son pays (Middle East Eye, 11 septembre 2020)
- Extrait d’un entretien avec Mouammar Kadhafi, qui donne à entendre les nouveaux cadres de la Libye post-révolution (Archive INA, par Geneviève Drouhet, 27 avril 1973)
- Roch Marc Christian Kaboré, président du Burkina Fasso, explique lors d’une conférence de presse en février 2019 combien il est important de défendre ses frontières suite aux attentats qui avaient touchés son pays (TV5 Monde, 05 février 2019)
Extraits musicaux
- « El-Marbou’a » de Shah (autoproduit)
- « Don’t lose your way » de Nada & Nawel Ben Kraiem (Label : Jakarta records)