Première diffusion : 9 mai 2019
En dépit d'une interdiction aux Etats-Unis dès 1977, le Chlordécone, pesticide organochloré de première génération, est autorisée en France jusqu'en 1993, par dérogation pour les seules Antilles, afin de lutter contre le charançon du bananier. Sa persistance et son accumulation dans l'organisme (comme dans les sols) seraient plus néfaste pour l'être humain que le Glyphosate...
Aujourd'hui, plus de 9 Antillais sur 10 présentent des traces de Chlordécone dans le sang et c'est en Martinique que l'on constate le taux le plus élevé au monde de cancers de la prostate...
Commercialisé par Yves Hayot, l'aîné de l'une des plus puissantes familles békés des Antilles, ces blancs créoles descendants des colons, l'histoire se répéterait-elle ? Au XVIIe siècle déjà, avec l'édification du Code noir aux Antilles, la France ouvrait un processus de dérogation juridique. Un droit pour la métropole, un autre pour les colonies du royaume.
Ainsi, comment la dérogation offerte aux békés quant à l'utilisation d'un poison dont personne ne pouvait ignorer les dangers, ne pourrait-elle pas être vécue comme le signe de la permanence d'un système ?
Des inégalités fortes et persistantes
Les békés sont des judokas. Quelque soit la situation, ils arrivent à retomber sur leurs pieds et en tirer le maximum de profit. Philippe Verdol
Le fléau du chlordécone
Le chlordécone a 4 caractéristiques : il est cancérigène pour l’homme, perturbateurs endocriniens, spermato toxiques et neurotoxiques. Philippe Verdol
Utilisation du chlordécone jusqu'à épuisement, malgré l'interdiction
Le chlordécone était interdit en France mais ils ont écoulé le stock ici. Planteur de bananes de Basse-Terre
La chlordécone et la question coloniale
Le chlordécone, dans l’imaginaire collectif, est perçu comme un "empoisonnement collectif", plus ou moins organisé par les békés, très présents dans le monde agricole. Ça réactive la vieille question coloniale qui n’est pas totalement soldée à la Martinique. Justin Daniel
Avec :
- Justin Daniel, sociologue, Martinique
- Philippe Verdol, président de l'association Envie-Santé, Pointe-à-Pitre
- Isbert Calvados, poète, Guadeloupe
- André Lucrèce, écrivain, Martinique
- Flora, agricultrice, Martinique
- Un planteur de bananes de Basse-Terre, Guadeloupe
Un documentaire de Stéphane Bonnefoi, réalisé par Diphy Mariani
Bibliographie
Avec la collaboration d'Annelise Signoret
Liens
Plan chlordécone : le point sur les connaissances scientifiques sur ce site officiel.
L’autorisation du chlordécone en France de 1968 à 1981 : article de synthèse de Matthieu Fintz pour le site de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (ANSES).
La saga du chlordécone aux Antilles françaises : Reconstruction chronologique 1968-2008 par Pierre-Benoit Joly (INRA et IFRIS, juillet 2010).
La banane m’a tué : une enquête en deux volets de Lisa David, à lire sur son blog, en ligne sur le site de Médiapart : La Banane m'a tué : Les millions de la PAC et les cancers et Chlordécone : Avec la complicité de l'Etat et des politiques
Chlordécone aux Antilles, le scandale oublié : enquête de Reporterre.net (2014) : Chlordécone aux Antilles, le scandale oublié et Chlordécone aux Antilles : la contamination est massive, la justice prend son temps
Chlordécone et cancer : à qui profite le doute ? Article de Luc Multigner (directeur de recherche à l’Inserm) et Malcolm Ferdinand (chargé de recherche à l’université Paris-Dauphine), à lire sur le site d’information The Conversation (mars 2019).
La page Facebook de l’association EnVie-Santé__, présidée par Philippe Verdol