Leonardo Padura est né en 1955 à La Havane à Cuba. Il est journaliste, scénariste, écrivain, auteur de nombreux romans policiers et lauréat de nombreux prix. Le journalisme a occupé la première partie de sa vie d'abord au sein de la revue culturelle El Caiman Barbudo, puis dans le journal Juventud Rebelde où il a signé des critiques littéraires. Ce n'est qu'en 1988, à 33 ans qu'est paru son premier livre Fièvre de cheval, puis en 1991 Passé parfait qui fait partie de la tétralogie des Quatre saisons. Avec le roman policier, Leonardo Padura a sûrement trouvé un moyen de contourner la censure de l’État cubain, pour parler au plus près de la société cubaine.
La première vocation de Leonardo Padura était celle de devenir joueur de baseball :
Je pense que l'on crée sa vocation. Je crois plutôt aux prédestinations. J'ai passé les 18 premières années de ma vie à jouer au baseball. [...] Lorsque j'ai compris que je n'avais pas les bonnes conditions physiques pour devenir un bon joueur de baseball, j'ai renoncé à ma vocation.
Lorsque j'ai fini le lycée et que j'ai commencé mes études universitaires, j'avais l'intention d'étudier à l'école de journalisme de La Havane. [...] Cuba est un pays socialiste où tout est planifié et quelqu'un avait décidé qu'il y avait déjà assez de journalistes. Grâce à ce monsieur tellement intelligent, j'ai fini par faire mes études à la faculté de lettres et littérature de La Havane et c'est là que j'ai commencé à construire ma vocation d'écrivain.
Ses années en tant que journaliste ont participé à la construction de son travail d'écrivain :
La période où je travaillais dans un journal a été très profitable pour moi. J'ai commencé à écrire des critiques littéraires en même temps que j'écrivais mes premières nouvelles. [...] Vers 1981, je commence à écrire mes premiers textes et en 1983, je décide d'écrire une nouvelle un peu plus longue. [...] C'est devenu finalement mon premier roman qui est un roman d'apprentissage, Fièvre de cheval, et j'ai tous les doutes et toutes les interrogations d'un débutant. Mais c'est un roman dont je n'ai pas honte, c'est un roman très digne.
Cette même année, on me demande de passer d'une revue culturelle à un quotidien. C'était une sorte de châtiment pour mes idées politiques, pour mon engagement et on m'obligeait à travailler au jour le jour sur un travail qui était différent.
C'est pour ça que je dis que la destinée, ça existe, parce qu'il fallait que je passe par ce quotidien pour que je me construise. Je dois dire que étant donné que c'était à Cuba, j'étais un journaliste très libre qui a pu écrire sur tout ce qu'il voulait.
Comme je n'avais pas pu étudier à l'école de journalisme, je ne connaissais pas les techniques des journalistes. Donc j'ai commencé à écrire ces reportages comme si c'étaient des récits, des nouvelles. Je testais des structures parallèles, différentes voies narratives. [...] J'ai appris à écrire des romans en faisant du journalisme.
Leonardo Padura cite souvent Sallinger et d'autres romanciers qui ont été importants pour construire sa vocation d'écrivain :
J'ai écrit "Fièvre de cheval" lorsque j'ai lu "Diamants sur canapé" de Truman Capote. [...] Je peux mentionner quelques auteurs français que nous lisions à l'époque où j'étudiais : "La Chanson de Roland", tout le théâtre classique du XVIIe et XVIIIe siècle, dont Racine, tout le roman réaliste du XIXe siècle. Nous avons bien sûr lu Balzac, Stendhal, Flaubert, Zola... Ensuite nous avons lu toute la poésie surréaliste des années 1920 et 1930.
**Pour aller plus loin, une sélection d'Annelise Signoret : **
Portrait de Leonardo Padura paru dans le Magazine Littéraire en juillet-août 2016.
Leonardo Padura : Les territoires de la fiction dans la révolution cubaine. Article de Néstor Ponce publié dans la revue du Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les Amériques : Amerika (2010).
Vie d’un Cubain à La Havane à travers le personnage de Mario Conde. Article paru dans le dossier Roman policier & histoire des Cahiers d’études romanes (2006).
Le grand retour du cubain Leonardo Padura, l’écrivain qui aimait son île. Entretien avec Michel Mompontet (février 2019) à retrouver dans la rubrique Mot à Mot du site de l’émission de France.tv Des mots de minuit.
Leonardo Padura Fuentes faiseur / défaiseur de vérités : thème du numéro 6 (2015) de la revue interdisciplinaires d’études hispaniques, Lineas.
Rencontre avec Leonardo Padura, la plume de Cuba pour le site de l’Association Cuba Coopération France (mars 2019).
L’homme qui aimait le sarcasme. Entretien avec Leonardo Padura, publié par le site de la revue Contretemps en octobre 2014.
Anne Gimbert : De l’île à l’exil ou l’inexorable exil de soi dans « Le palmier et l’étoile » de Leonardo Padura, in Cahiers de la Méditerranée n°82, 2011.
Leonard Padura était invité de La Grande Table le 14 janvier 2019.