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La Lettre
Dans un noir et blanc très travaillé, jouant sur la capacité de l'image photo-chimique à se "révéler" ptogressivement, "La Lettre" évoque à la fois la brume campagnarde et l’apparence fantomatique des êtres qui vivent là, dans le Nord-Ouest de la Russie. Des hommes et des femmes se promènent, caressant une vache qui s’approche de la maison, fumant en compagnie, écoutant l’un des leurs jouer de l’accordéon. L'atmosphère de douceur ouatée et de calme se révélerait idyllique, si notre perception n'était pas altérée par deux éléments déconcertants : le lieu du tournage, un asile psychiatrique rural, et l'importance donnée à l'ambiance sonore. À la fois très présent et feutré, le son non-dialogué donne aux scènes une fonction emblématique et raconte une histoire que l’image fait mine d'occulter. L'intention avouée de Loznitsa de «parvenir par le cinéma à décrire le phénomène de l'homo sovieticus et son territoire natif» transmet avec force, par les canaux sensoriels, une matière sonore gonflée d’histoires individuelles qui prennent forme au plus profond de nos tympans. Version originale sans dialogues ni commentaire.
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