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L'Attente
«Comment filmer le sommeil ? Les corps endormis se livrent au regard dans un état de vulnérabilité et de souffrance souvent. Les contempler provoque chez le spectateur un sentiment de contrariété, comme s'il s'agissait d'un acte indécent, d'une curiosité malsaine. Cela d'autant plus lorsqu'il s'agit de dormeurs réunis par le hasard d'un voyage dans le huis clos d'une salle d'attente. La promiscuité du lieu les oblige à adopter des poses inconfortables qui les supplicient. […] Sergueï Loznitsa explore dans ce premier court-métrage un état limite à travers des images somptueuses où ténèbres et lumières se répondent. Comme il le fera dans les films suivants, le cinéaste choisit de filmer un lieu unique, la salle d'attente d'une gare, réunissant une communauté de passage, les dormeurs, dans l'attente de l'aube qui verra l'arrivée du train. Il réalise de longs plans séquences des dormeurs isolés ou en petits groupes, de leurs visages ou de leurs corps, des mouvements qui animent parfois leur immobilité. Le son est aussi important que l'image, sinon davantage […]. L'épaisseur des ténèbres est traversée de bruits et la nuit remue, vivante.» (Serge Meurant, extrait de l'article d'Images documentaires n°50/51, 2004)