Aujourd’hui, nous regardons une aquarelle de l’artiste Carol Rama réalisée en 1943 et intitulée « Appassionata » conservée à Turin (Italie), ville natale de l’artiste.
Carol Rama est une artiste mal connue, marginalisée par l’histoire de l’art et le discours féministe sur son œuvre. Née en 1918, artiste autodidacte, elle s’inscrit pourtant aux regards de nombreux mouvements d’avant-garde du 20e siècle (expressionisme, surréalisme, art concret, pop’art, ou encore arte povera) tout en restant inclassable.
Depuis ses premières aquarelles censurées des années 1930, elle invente son propre système visuel autour de sujets récurrents tels que le sexe, la folie, le fétichisme, l’ordure…
À partir de 1950, elle se tourne vers l’abstraction dont elle livre une version organique.
Puis elle réalise dans les années 70 de grandes toiles matiéristes à partir de pneus de vélos découpés. En 1980, elle revient à la figuration, avec des aquarelles peintes sur des planches d’architecture. Très diversifiée donc, sa production n’en reste pas moins un ensemble cohérent d’une férocité et d’une radicalité inouïes.
Bien que Carol Rama soit une Figure que l’on décrit souvent comme solitaire et excentrique, peut-être pour justifier –injustement- son oubli, il faut pourtant rappeler qu’elle a fréquenté de nombreux intellectuels, des artistes de son temps et non des moindres : ce sont le poète Sanguineti par exemple ou encore Man Ray qui la surnomma « la femme à 7 têtes ».
Sanguineti et Man Ray donc, furent des regardeurs attentifs de son oeuvre…et aujourd’hui, nos regardeurs.
Invités
Anne Dressen, conservatrice de l'exposition Elle a organisé la rétrospective de « Carol Rama » en collaboration avec le MACBA de Barcelone, rétrospective qui sera ensuite présentée dans les musées d’art moderne de Espoo/Helsinki (EMMA), Dublin (IMMA) et Turin (GAM) en 2015-2017.
Son prochain projet d’exposition porte autour de l’ornement et des bijoux, d’artistes notamment.
Anne Dressen est commissaire d’exposition à l’ARC, le département contemporain du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
David Douard, artiste plasticien David Douard s’inspire des mécanismes de transformation et de développement à l’oeuvre dans notre monde, faisant des plantes, de l’esprit, de la salive, de l’image, de la technologie ou du langage des outils pour révéler les principes de transmission.
Il est diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (2011) et représenté par la Galerie Chantal Crousel (10 rue Charlot, Paris 3ème).
Archives INA
Ramuntcho Matta, invité du Rendez-vous de France Culture (01.06.2013), parle des similitudes entre Carol Rama et Louise Bourgeois.
Lectures
Les textes sont lus par Johanna Nizard et Thierry Beauchamp
**Extraits de : **
Traduction de* Cadeau* , poème d'Edoardo Sanguineti (mars 2000. Portofolio Cadeau , Franco Masoero Edizioni d’Arte, Turin 2000).Carol Rama, extrait d'un entretien avec Paolo Curtoni. Traduction française d'Anna Frera
Carol Rama à Corrado Levi et Filippo Fossati (1996)
Carol Rama à un journaliste à Boston (1998)
Carol Rama, extrait d'un entretien avec Paolo Curtoni. Traduction française d'Anna Frera
Quelques musiques diffusées (extraits) :
Trompes et ressorts , Pierre Berthet et Fréderic Le Junter (plage 9, album de 1994)
Boats float on water, Andy Moor et Colin McLean (2009, album Everything But The Beginning )
Puncher , Annie Gosfield (1999, plage 6 de l'album Flying Sparks and Heavy Machinery)
Prise de son : Olivier Duprés
Page web : Sylvia Favre
Le poème est présenté dans l'exposition "La passion selon Carol Rama" en versions anglaise et française.
"L’exposition La Passion selon Carol Rama révèle les multiples facettes du travail de cette artiste. La scénographie entend reprendre l’image d’une "anatomie" fragmentée, dans une lecture mi-chronologique, mi-thématique, la plus à même de dévoiler toute la complexité obsessionnelle de l’œuvre de Carol Rama.
Cet œuvre forme un corps hybride, où les sujets et les techniques ne font qu’un : de la "bouche-aquarelle" au "pénis/sein-caoutchouc", en passant par "l’œil-bricolage".Ces différentes séries, en apparence hétérogènes dans leurs thématiques et dans leurs matériaux, dessinent un ensemble cohérent autour de sujets tels que la folie, le fétichisme, l’ordure et le dévalué, le plaisir, l’animalité, la mort."... Sur le site du Musée
**Exposition jusqu'au 12 juillet 2015 ** (Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 22h).