Francis Picabia qui connut un certain succès de peintre impressionniste dès 15 ans, alors qu’il était ainsi que Marcel Duchamp qualifia cette période de sa vie, le jeune épigone d’un mouvement déjà vieux, Francis Picabia fut une tempête, un tourbillon qui passa sur la peinture, la poésie et la vie de ses proches emportant sans se retourner abstractions précoces, amours multiples, voitures extrapides, poèmes inspirés, aphorismes absurdes ou géniaux, amitiés éphémères ou durables. L’invention de l’art moderne, cette transformation patiemment réfléchie, cette brisure aux rouages soigneusement élaborée par Matisse, Picasso, Duchamp ou Mondrian, et bien d’autres, laissée entre les mains de Picabia, ce protagoniste essentiel, fut au contraire la consommation démesurée, boulimique, géniale, d’inventions incessantes, d’explorations, d’audaces, lancées telles des pétards dans l’espace du XXe siècle comme par caprice, goût immodéré de la joie et de la vitesse, attente impatiente de l’excès suivant qui viendra ressusciter encore l’excitation d’un esprit exceptionnel miné par la mélancolie. Celui qui fit les premières peintures abstraites en 1909, qui préféra la mécanique à la peinture, qui inventa DADA avant DADA, celui que l’on voulait Pape de ceci ou de cela et qui préférait jeter les mégots de la célébrité que de s’installer derrière le tiroir-caisse de la notoriété ne cessa toutes contradictions assumées de détruire et d’inventer modifiant l’art et ses relations avec la vie en général. Pour explorer la vie et l’œuvre de celui qui clame "Je ne fais que me nuire, je ne connais pas d’autre manière dans les rapports avec moi-même" ou encore "Je suis Picabia, c’est la mon infirmité", vient d'être publié l’énorme travail inspiré, vivant ,excitant de Bernard Marcadé, désormais la biographie de référence de cet artiste démesuré Francis Picabia aux éditions Flammarion.
Pour parler de ce loustique, du rastaquouere Picabia, je suis heureux d’accueillir dans L’art et la matière un autre funny guy : Bernard Marcadé
Lectures des textes : Johanna Nizard
Musiques diffusées :
- La Nourrice Américaine - pour piano de Picabia sur un texte de Gabrièle Buffet
- Erratum musical - Marcel Duchamp sur un texte de Gabrièle Buffet
- Picabia Entr'acte : Cinéma - pour orchestre - Erik Satie sur un texte de Francis Picabia
- Serenata (1921) - Antonio Russolo sur un texte de Francis Picabia
- Ursonate - pour voix parlée - Kurt Schwitters sur un texte de Francis Picabia (extrait de son roman Caravansérail)
- Vexations - Erik Satie : Intégrale de l'œuvre pour piano sur un texte de Max-Pol Fouchet dans l'Echo d'Alger
- Relâche : Ouverture - Erik Satie sur un texte d'André Breton
- « Fuir le bonheur » par Jane Birkin
- Lecture de 10 aphorismes de Francis Picabia
+ Texte de Francis Picabia
+ Texte de Gabrièle Buffet
Chargée de recherche : Maurine Roy
En partenariat avec BeauxArts Magazine.