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Personnes en situation de handicap: les premiers obstacles sont dans les rues de Paris
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Edité par Radio France Internationale - 2024
Au moment des Jeux olympiques, les transports franciliens sont, eux aussi, mis à l’épreuve. Au cœur de ce défi, l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. D'après les estimations des organisateurs, près de 4 000 trajets seront effectués chaque jour en fauteuil roulant. Paris 2024 a promis la présence de 1 000 taxis adaptés à ces personnes. Un service de navettes reliant les grandes gares parisiennes aux sites de compétitions sera aussi mis en place durant les Jeux. Jérôme Rousseau a 27 ans, il est en fauteuil roulant et dirige l'association Novosports pour le sport inclusif. À moins de deux mois des JO, il s'est prêté au jeu de parcourir le trajet qui mène de l'Hôtel de Ville à l'Arena (site olympique), porte de la Chapelle, dans le nord de Paris. À défaut de pouvoir emprunter RER et métro, Jérôme a préféré le bus.
Le bus tente plusieurs manœuvres pour faire descendre la rampe d'accès pour les personnes à mobilité réduite, une planche inclinée pour faciliter l'accès du fauteuil roulant. Jérôme Rousseau se heurte souvent à ce genre de difficultés : « Là, on voit qu'il y a un problème... Le poteau gêne... »
Une fois monté dans le bus, les choses ne sont pas plus faciles quand il s'agit d'appuyer sur le bouton pour demander l'arrêt : « Il y a des boutons pour appuyer, mais moi, je n'ai pas la force et je n'y ai pas accès. Le bouton est très très bas », explique le fondateur de Novosports. « Dans mon quotidien, quand je rentre, je dis où je vais, mais le problème, c'est que si le chauffeur oublie et que je ne le dis pas avant [l'arrêt] ou qu'il ne m'entend pas, je suis obligé de descendre à l'arrêt d'après. »
« On est toujours dans l'anticipation »
Pour conduire son fauteuil roulant de 300 kilos, Jérôme Rousseau actionne une petite manette à l'aide de la main droite et la dextérité avec laquelle il manie son fauteuil impressionne. Mais elle ne suffit pas pour se déplacer aisément dans la ville.
« On a des pavés. Des fois, les pavés, c'est un vrai enfer quand on est en fauteuil. On est toujours dans l'anticipation. Là, en face, par exemple, je vois que sur un passage piéton, il y a des travaux. Si je traverse, en face, il y a un camion noir qui est juste là et je ne peux pas du tout passer. » Jérôme Rousseau est donc obligé de se déplacer sur la route à contre-sens. « C'est très dangereux. Je peux me faire renverser à n'importe quel moment. Il y a même des trous, ce n'est pas du tout adapté », déplore-t-il.
Et les difficultés se multiplient : « Là, il y a un camion juste en face, il faut qu'il freine. Et puis je suis obligé de rouler à droite, mais il y a de l'eau au sol ; si j'étais en fauteuil manuel, j'aurais les roues pleines d'urine. Moi, je suis en fauteuil électrique, mais s'il y a quelqu'un en fauteuil manuel, il se met vraiment en difficulté. »
Un fauteuil qui pèse 300 kilos
Il faut ensuite retourner sur le trottoir : « Ce qu'il faut comprendre, c'est que le fauteuil fait 300 kilos, donc il n'a pas la capacité de monter ce genre de marches. Les cale-pieds touchent. Donc c'est vraiment se mettre en danger et mettre en danger son fauteuil », constate le fondateur de Novosports.
Passionné de sport, Jérôme Rousseau fera partie des 350 000 personnes handicapées qui assisteront aux Jeux olympiques. Mais en attendant les épreuves, les premiers obstacles à franchir se trouvent dans les rues de Paris.
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