C’est une longue histoire de l’exploitation qui commence il y a plus de deux siècles, quand des compagnies minières embauchent des centaines, des milliers d'hommes, de femmes et d’enfants, tout un peuple minier, qu’on installe près des puits de mines de charbon. En possédant les logements, les écoles, les clubs sportifs ou encore les églises, ces compagnies privées organisent la vie quotidienne et le destin des mineurs, avec sa morale, son éducation et sa religion.
« Être mineur, c'était la garantie d'un salaire, d'un logement, du chauffage en hiver, de l'éducation pour les enfants et de l'accès à la coopérative minière pour les achats ». L’historienne Marion Fontaine explique d’ailleurs : “Si l’on ne prend pas en compte la dangerosité du métier, en termes de vie quotidienne, dans les années 1870-1880, il vaut mieux être un mineur qu'un ouvrier du textile. Mais cette protection a un coût. Elle a un prix énorme, car elle rend les ouvriers extrêmement dépendants de ces largesses patronales”.
Ainsi, en contrepartie, les mineurs doivent respect et obéissance aux patrons. Un véritable système de paternalisme patronal que nous raconte le géographe Simon Edelblutte : “L’industriel va subvenir aux besoins des ouvriers, il les paye et leur assure le logement, ainsi que certains loisirs, l'éducation des enfants, et cetera. Mais si vous aviez des problèmes au travail, si vous vous syndiquiez, et que le patron n'était pas content, non seulement vous pouviez perdre votre travail, mais vous pouviez perdre votre logement aussi, c’était donc une manière de vous contrôler.”
Mais face à cette omniprésence des compagnies, la solidarité minière s’organise peu à peu et résiste.
Du porion à l’ingénieur, des gardes des mines au grand bureau, la surveillance et le contrôle de la main d’œuvre est plus ou moins stricte selon les zones.
C’est dans le Nord Pas de Calais que l’on fait ici notre immersion.
Un documentaire de Johanna Bedeau réalisé par Marie-Laure Ciboulet.
Avec :
- Marion Fontaine historienne et Professeure des universités - Centre d'histoire de Sciences Po, Directrice des études doctorales en histoire
- Auguste Wantier ancien garde des mines et sa femme Thérèse Wantier …,
- Richard Berthollet Auteur réalisateur,
- Bastien Cabot « Docteur en histoire contemporaine ».
- Louis Bembenek ancien mineur,
- Simon Edelblutte géographe,
- Gilles Briand urbaniste, Directeur d'études -"Développement opérationnel" mission bassin minier,
- Patrick Garcia, ancien mineur
- Diana Cooper-Richet historienne, autrice du livre, Le Peuple de la nuit. Mines et mineurs en France (19ème-20ème siecles), Paris, Perrin, 2011,
- Judith Rainhorn historienne, Autrice de Santé et travail à la mine, XIX-XXIe siècle , Presses universitaires du Septentrion, 2014. Professeure à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Centre d’histoire sociale des mondes contemporains
Extrait de film sous l’œil des Houillères de Marion Fontaine et Richard Berthollet
Lecture des textes : Yann De Monterno
Memento Richard Berthollet
Registre des punitions Véronique Malfettes
Merci à la permanence des anciens mineurs de la CFDT des Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) engagé pour la reconnaissance des maladies professionnelles des salariés.
Merci à Georges Sentis historien. Merci à Virginie Malolepszy directrice des archives du centre historique minier de Lewarde pour sa précieuse collaboration, à Karine Sprimont et à toute l’équipe du centre minier de Lewarde. Merci à l’INA et à Ingrid Anne Lecointe pour les archives. A la Documentation de Radio France, à Annelise Signoret de la bibliothèque centrale de Radio France.
Prise de son Frederick Cayrou et Raymond Albouy .
Enregistrement Sébastien Royer, Mixage Antoine Viossat.
Stagiaire Clara Kavyrchine.
Liens :
Partenariat
LSD, La série documentaire est en partenariat avec Tënk , la plateforme du documentaire d’auteur, qui vous permet de visionner jusqu'au 10/04/23 le film de Jonathan Rescigno - Grève ou crève