Vous connaissez les portraits à l’huile de cet artiste majeur. Bâtis en haute pâte, ses visages sont les théâtres contradictoires des conflits entre la chair et l’expression, entre l’incarnation et l’effet de l’esprit, entre l’émotion de la couleur et la conquête blafarde de la corruption. Les œuvres de Kokoschka creusent avec les doigts, les ongles, le bois du pinceau, la brosse, avec des gestes vermiculés et parfois de vastes aplats, ce qu’est l’humain. L’humanité de l’humain, ses pulsions, tragédie des désirs et autodestruction, son génie, sa bonté parfois, sont les sujets qu’explora sans relâche, toute sa vie, ce grand artiste, né viennois, mort anglais et qui vécut en Européen surmontant douloureusement les grands conflits du XXe siècle.
Tout commence donc à Vienne en Autriche. Vienne une des capitales de la pensée européenne au tournant du XIXe et XXe siècles. Après les premiers bouleversements qu’y apportèrent Klimt, Mahler, Hoffman, Schnitzler, Freud et d’autres, Vienne inventait une modernité qui regroupait des talents inouïs dans tous les domaines de l’esthétique et de la pensée. Kokoschka, qui avait 21 ans en 1907, lors de ses premières apparitions publiques, par son écriture, son théâtre et sa peinture, fit immédiatement scandale. Ce mauvais garçon de la modernité viennoise, qui fut tout de suite considéré comme "un terrifiant prodige" et fut proclamé "sauvageon en chef" s’affirme immédiatement comme un novateur radical qui va donner, avec son cadet Egon Schiele, un coup brutal et profond à la morale bourgeoise déjà ébranlée par la vérité nue que Klimt lui avait préalablement assénée. Sa vie heurtée par les tragédies du siècle, le fera blesser, exilé, conspué comme artiste dégénéré par les nazis, mais il saura maintenir une œuvre somptueuse, qu’il conclura par un ultime chef-d’œuvre, son dernier autoportrait…
Lecture des textes : Sophie Daull
Textes et musiques diffusées :
- Lettre à Erwin Lang : ALBAN BERG - 4 Pièces pour clarinette et piano op 5 : 4. Langsam - RONALD VAN SPAENDONCK
- Lettre à Alotte Franzos : ARNOLD SCHOENBERG - 6 petites pièces op 19 : Klavierstück op 19 n°3 - pour piano - CHRISTOPH EGGNER
- Lettre à Alma Mahler : ARNOLD SCHOENBERG - 6 petites pièces op 19 : Klavierstück op 19 n°6 - pour piano - CHRISTOPH EGGNER
- Propos de Ehrenstein : ARNOLD SCHOENBERG - 6 petites pièces op 19 : Klavierstück op 19 n°4 - pour piano - CHRISTOPH EGGNER
- Poème de Kokoschka : ARNOLD SCHOENBERG - 6 petites pièces op 19 : Klavierstück op 19 n°2 - pour piano - CHRISTOPH EGGNER
- Lettre à Mademoiselle Moos : ARNOLD SHONBERG - Suite op 25 : 3. Intermezzo - ARASH ROKNI
Chargée de recherche : Maurine Roy
En partenariat avec BeauxArts Magazine.
