Syracuse

Dans ce troisième volet de la série "A voix nue", l'auteur de théâtre Michel Vinaver parle de son travail au sein de l'entreprise Gillette entre 1953 et 1982. "Il y avait étanchéité" entre ses deux activités, explique-t-il et cela lui convenait bien, "sur le plan de mon vécu, ça allait plutôt bien dans l'ensemble", estime-t-il. Jusqu'à ce qu'en 1967 il écrive la pièce Par-dessus bord qui le met en scène en quelque sorte. Il s'en explique ainsi, il ne trouvait plus son "équilibre dans cette espèce d'interdit" de ne pas mélanger les deux. Il explique ensuite en quoi l'activité d'écrire ne demande pas à répondre à la question du "pourquoi" contrairement au monde de l'entreprise.

Pour Michel Vinaver, "la vie personnelle, intime des gens est intimement liée aux conditions de travail", il poursuit ainsi : "Je pense qu'on a artificiellement considéré le travail comme quelque chose d'à part". Dans le travail, il voit "un enchevêtrement d'éléments réfractaires, qui est du plus grand intérêt" et qui est "la condition même de l'écriture dramatique".

Il précise ce qui l'a intéressé dans l'écriture de la pièce "L'Ordinaire",  où des cadres dirigeants d'une entreprise sont victimes d'un crash aérien et se retrouvent à devoir manger des cadavres pour survivre. Le sujet de cette pièce est la résistance au changement des individus. "Le cannibalisme en tant que métaphore du capitalisme, ça marche bien et je ne m'en suis pas défendu, mais ça n'est pas le point de départ", ajoute-t-il. Concernant la fin de la pièce, qui est une fin ouverte, il admet : "Une des caractéristiques d'à peu près toutes mes pièces, il y a quelque chose qui reste ouvert. (...) Il y a comme une nécessité de ne pas fermer l'action."

• "A voix nue"
• Première diffusion le 03/07/2013
• Producteur : Caroline Broué
• Réalisation : Anne-Pascale Desvignes
• Indexation web : Odile Dereuddre, de la Documentation de Radio France