Partout, sur le continent, les partis nationalistes progressent. Chez nous le Rassemblement National ne se revendique pas nationaliste mais de « droite nationale » ce qui est du pareil au même. Le nationalisme est à l’extrême droite quand il s’incarne dans un parti politique. Mais ça n’a pas toujours été le cas parce que le terme nationalisme n’a pas toujours recouvert la même réalité.
En effet, le véhicule politique qu’est le mot « nationaliste » a changé de cargaison à la fin des années 1880. Si le nationalisme est décelable depuis la Révolution de 1789 - Valmy, les soldats de l’an II, puis le bonapartisme - on ne se revendique nationaliste que depuis la fin du 19e siècle. La nation, pour la France, l’hexagone représente pour un Breton, un Bourguignon, un Périgourdin, un Vosgien ou un Parisien d’il y a deux cents ans, un horizon beaucoup plus large que le périmètre habituel de sa province et de sa vie. La nation est donc, à cette époque, une ouverture, une possibilité d’émancipation, alors qu’elle apparait aujourd’hui, si on lui accole le suffixe « isme », comme un repli. La nation, dans nos démocraties européennes, même à l’heure de l’union, est la circonscription qui génère toujours le cadre de légitimité politique le plus puissant !
Mais, est-elle toujours le cadre le plus pertinent pour faire face aux défis d’aujourd’hui et le principal d’entre eux, l’environnement ? Le très local et le très global seraient sans doute des niveaux beaucoup plus efficaces. Face à la perte de pouvoir sur le cours des choses que les gouvernements nationaux subissent, face à ce sentiment d’impuissance publique, certains expliquent que, plutôt que d’aller à la fois vers le plus local et le plus global, la proximité et le grand large, il faut réaffirmer la nation. Ce sont les nouveaux nationalistes. Le nationalisme revient. Mais d’où revient-il ? C’est la question que se pose Thomas Legrand, épaulé par trois historiens dans ce numéro d’"En quête de politique".
Bibliographie :
« D'ici et d'ailleurs. Histoires globales de la France contemporaine », Quentin Deluermoz, La Découverte
« Aux origines du populisme - Histoire du boulangisme », Bertrand Joly, CNRS éditions
« Histoire politique de l’affaire Dreyfus », Bertrand Joly, Fayard
« Édouard Drumont », Grégoire Kauffmann, Perrin
« Le Nouveau FN. Les vieux habits du populisme », Grégoire Kauffmann, Seuil