Syracuse

« Si un jour nous sommes obligé de quitter la scène de l’histoire, nous claquerons la porte si fort que l’univers tremblera et que l’humanité restera stupéfaite » disait Joseph Goebbels. La porte a claqué il y a 77 ans et c’est le terrible bilan, la découverte des camps, l’inhumanité de la pensée et de la pratique Nazie qui, effectivement, fait toujours trembler une bonne partie de l’humanité et nous stupéfie encore. Est-il besoin de se replonger dans cette pensée politique qu’est le nazisme, de revenir sur sa terrifiante épopée, si documentée, si rabâchée ? En quoi s’intéresser au nazisme peut-il bien nous aider à comprendre les enjeux politiques d’aujourd’hui ? Est-ce que le parallèle souvent fait, ces dernières années, entre ce que nos sociétés vivent : crises économiques, existentielles, troubles identitaires, peur plus ou moins rationnelles, cécité volontaire devant des périls qui montent mais qui, si nous devions les affronter aujourd’hui, nous ferait peut-être perdre, un confort pourtant précaire ?

« Ce qui nous distingue des années trente, c’est que nous n’avons pas une guerre mondiale dans le dos. Mais j’observe le même phénomène de radicalisation des élites. » Johann Chapoutot

Il n’est pas question ici de dire que le nazisme menace de revenir, mais peut-on se passer d’observer ce qu’il peut y avoir d’utile à savoir dans ce qui a précédé le nazisme et l’a rendu possible ? Cet exercice est souvent fait, sous diverses formes, colloques, thèses universitaires, documentaires, débat mais il convient de recommencer, pour réactualiser ce travail parce que les temps changent. Alors pour cette émission Thomas Legrand est allé voir deux historiens du nazisme. Non pas pour qu’ils nous racontent, encore une fois, l’histoire de la pire idéologie du 20ème siècle mais pour leur demander comment des historiens, qui passent l’essentiel de leur journée, qui mobilisent leur attention et leur intelligence à la compréhension de l’inadmissible, depuis des années, regardent la marche du monde aujourd’hui.

Invités :

Johann Chapoutot , historien spécialiste d'histoire contemporaine, du nazisme et de l'Allemagne, Christian Ingrao , historien français, directeur de recherche au CNRS au sein du Centre d'études sociologiques et politiques Raymond Aron (CESPRA) de l'École des hautes études en sciences sociales de Paris.

La chronique livre d'Aurélie Marcireau :

« Ils l'appelaient Monsieur Hitler. L'histoire méconnue des nazis français », Christophe Bourseiller, Perrin

Bibliographie :

• « Comprendre le nazisme », Johann Chapoutot, Taillandier
• « Hitler », Johann Chapoutot, PUF
• « La promesse de l'Est. Espérance nazie et génocide (1939-1943) », Christian Ingrao, Seuil
• « Les urgences d'un historien », Christian Ingrao, Cerf
• « Libres d'obéir : le management, du nazisme à aujourd'hui », Johann Chapoutot, Éditions Gallimard
• « Les 100 mots de l'histoire, Que sais-je ? », Johann Chapoutot, PUF
• « Le Grand Récit. Introduction à l'histoire de notre temps », Johann Chapoutot, PUF
• « Le nazisme et la guerre », Christian Ingrao, Éditions Le clou dans le fer
• « La promesse de l'Est - Espérance nazie et génocide (1939-1943) », Christian Ingrao, Éditions du Seuil
• « Le Soleil noir du paroxysme », Christian Ingrao, Odile Jacob