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Série : La saga des Stones (Episode 4 sur 4)

The Rolling Stones, l’éternité du blues des origines

Michka Assayas
Diffusé le jeudi, 19 octobre 2023 (55 min)


Ultime chapitre de notre série consacrée à nos héros de la semaine, les infatigables Rolling Stones. C'est donc l'occasion rêvée de revenir à l’essence de leur style, le blues.


   
Provient de l'émission
Very Good Trip

Au programme
  • "Love in Vain", un des sommets du groupe

    « Love in Vain » est un des sommets de l’œuvre enregistrée des Rolling Stones, le clou de l’album Let It Bleed, paru fin 1969, juste après Abbey Road, avec la chanson « Gimme Shelter ». Brian Jones n’était plus là, Mick Taylor venait d’arriver, et c’est Keith Richards qu’on entend jouer de la guitare slide. Vous avez sûrement remarqué le superbe accompagnement de mandoline, il était l’œuvre du jeune virtuose californien Ry Cooder, qu’on venait de remarquer au sein du groupe de l’étonnant Captain Beefheart. Un musicien dont beaucoup découvriraient le talent grâce à la BO du film Paris, Texas de Wim Wenders en 1984.

    L’accompagnement de Ry Cooder pour « Love in Vain » est de style country, mais ces croisements avec le blues sont fréquents et immémoriaux, d’ailleurs, on parle fréquemment de country-blues. En plus, si vous écoutez la version originale de « Love in Vain », que son auteur, le légendaire Robert Johnson, avait enregistré en 1937 à Dallas, au Texas, c’est très facile d’imaginer un violon country, un fiddle, pour accompagner sa voix, son jeu de guitare et son rythme de guitare en picking. On peut aussi entendre dans « Love in Vain » une des sources pour un des plus grands auteurs et interprètes de la musique country, Hank Williams, révélé juste après-guerre.

    « Love in Vain », c’est donc les Stones en 1969, ça arrive après « Satisfaction », après « Paint It Black », après « Jumpin’ Jack Flash ». C’est un premier retour aux sources du blues pour le groupe, touché par une certaine vague de purisme qui a frappé Londres à la fin de l’année 1968. Une année durant laquelle émergent de jeunes groupes comme le Fleetwood Mac de Peter Green qui tournent le dos à toute une surenchère de bruits assourdissants, d’effets sonores spéciaux et d’autres orchestrations baroques qui fleurissent dans ces années-là.

    Quand Mick Jagger chante « Love in Vain », il ne fait pas dans la sobriété et c’est sa théâtralité qui donne à cette chanson un relief mélodramatique. Cependant l’accompagnement reste feutré, comme retenu, c’est ce qui contribue aussi à la beauté de cette chanson tragique, mais sans pathos. Les paroles de Robert Johnson, pour décrire la séparation d’un homme et de son amoureuse sur le quai d’une gare, sont un modèle de simplicité laconique. "Le train est arrivé, je l’ai regardée dans les yeux, quand le train est parti, j’ai fixé les deux lanternes à l’arrière, la bleue, c’était mon bébé, la rouge c’était mes pensées. All my love in vain, Tout mon amour pour rien". Une image aussi énigmatique que saisissante.

    Dans le Very Good Trip de ce soir, je vais privilégier les blues des Stones, country-blues ou non, les plus dépouillés, les plus purs, en somme que, tout au long de leur histoire, ils n’ont jamais cessé d’enregistrer. Surtout qu’ils étaient, à leurs débuts, sous l’influence, et même l’autorité de leur leader Brian Jones, un grand puriste du blues, un disciple du guitariste Elmore James, un spécialiste du jeu en slide. En 1964, les Stones avaient une façon particulière de jouer du blues électrique, semblable à celle des Kinks, des Yardbirds, des Who, de tant d’autres. Une certaine manière qui a, en retour, influencé aux États-Unis une multitude de très jeunes groupes poussant partout sur le territoire comme des champignons. Ce que l’on appelé le rock garage parce que ces lycéens répétaient dans le garage de leurs parents. Voici une des premières compositions de Mick Jagger et Keith Richards, « Empty Heart ».

    Programmation musicale

    The Rolling Stones :

    • « Love in Vain » extrait de l’album « Let It Bleed »

    • « Empty Heart - (Original Mono Version) » extrait de l’album « Singles 1963-1965 »

    • « Little Red Rooster - Mono Version » extrait de l’album « The Rolling Stones Singles Collection : The London Years »

    • « Parachute Woman » extrait de l’album « Beggars Banquet (50th Anniversary Edition) »

    • « Prodigal Son » extrait de l’album « Beggars Banquet (50th Anniversary Edition) »

    • « Stray Cat Blues » extrait de l'album « Beggars Banquet (50th Anniversary Edition) »

    • « Cocksucker Blues » extrait de l’album « Beggars Banquet (50th Anniversary Edition) »

    • « You Gotta Move - 2009 Mix » extrait de l’album « Sticky Fingers (Remastered) »

    • « Shake Your Hips » extrait de l’album « Exile on Main St. (2010 Re-Mastered) »

    • « Casino Boogie » extrait de l’album « Exile on Main St. (2010 Re-Mastered) »

    • « Black Limousine - Remastered » extrait de l’album « Tattoo You (2009 Re-Mastered) »

    • « Back of My Hand - Remastered 2009 » extrait de l’album « A Bigger Bang »

    • « Little Rain » extrait de l’album « Blue & Lonesome »

Illustration
Very Good Trip
Copyright
  • Radio France
Collection
La saga des Stones

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