Eh non, personne n’avait jamais entendu comme ça avant « Pride, in the Name of Love », la chanson créée il y a près de quarante ans, déjà, en 1984, par le groupe irlandais U2, et qui, quand le groupe la joue sur scène, suscite dès les premières mesures une sorte de cri d’enthousiasme. Et en général, quand Bono se met à scander « In the name of love », très vite, vous ne l’entendez plus parce que la foule a pris le dessus.
Je vais bien sûr revenir sur cette toute nouvelle version de ce qui est aujourd’hui un classique, on est là pour ça ce soir. Je voudrais juste avant évoquer un souvenir personnel. J’ai eu, c’est une très vieille histoire, la chance de voir Bono et U2 quand ils venaient à Paris, à la façon d’un supporter privilégié. U2 est sans doute le groupe auquel j’ai consacré le plus d’articles dans la presse spécialisée entre 1980 et 1985 et, forcément, ça crée des liens.
En 1984, le journal Libération m’avait envoyé faire une interview du groupe à Dublin. U2 venait de terminer l’enregistrement de son nouvel album The Unforgettable Fire sous la supervision d’un musicien captivant, Brian Eno, l’homme qui avait ouvert à David Bowie et aux Talking Heads de nouvelles frontières musicales.
J’ai un souvenir visuel de cette rencontre avec Bono. Il avait faussé compagnie à l’attaché de presse qui supervisait la rencontre, m’avait embarqué dans sa voiture dans les rues de Dublin, une des grandes peurs de ma vie, parce que Bono au volant, c’est un danger public, en tout cas dans ces années-là. Bref, on roule, il me parle et il me conduit au bord des docks du port de Dublin, à l’embouchure de la Liffey, le fleuve qui traverse la ville. Je ne me rappelle plus du tout où précisément, c’était un paysage désolé, qui ne donne absolument pas envie de rester mais plutôt de fuir. Et c’est ça qu’il tenait à me montrer. Il m’a regardé avec ce regard intense qu’il peut avoir, comme si ses yeux dardaient des rayons, et il m’a dit : « Je voulais absolument que tu voies cet endroit. Pour moi, c’est là que tout est né ». Mais moi, je ne voyais rien. Tout ce que je voyais, c’était son désir de fuir. Que je comprenais, tellement cet endroit me paraissait sinistre. Et pendant notre balade, il m’avait expliqué qu’il avait beaucoup d’appréhension quant à cet album que U2 venait d’enregistrer avec Eno selon des principes nouveaux, très expérimentaux. Il redoutait que ce ne soit pour le groupe, et je me rappelle exactement ses termes, un suicide commercial. Et l’étonnant, c’est que cette chanson « Pride, in the Name of Love », dont Bono trouvait les paroles brouillonnes, maladroites, est devenu l’hymne le plus connu de U2.
L’évocation de Martin Luther King, l’homme qui avait tenté de conquérir l’émancipation de son peuple, les Noirs américains, par la non-violence. Et qui s’était fait assassiner. « Pride in the Name of Love » figure parmi les quarante chansons inscrites dans son répertoire historique que U2 a décidé de réorchestrer, réinterpréter et réenregistrer dans une optique tout à fait neuve et inattendue. Ce nouvel album s’appelle « Songs of Surrender »
Programmation musicale :
U2 :
« Pride (In the Name of Love » extrait de l’album « Songs of Surrender »
« I Will Follow » extrait de l’album « Songs of Surrender »
« Out of Control » extrait de l’album « Songs of Surrender »
« Desire » extrait de l’album « Songs of Surrender »
« Beautiful Day » extrait de l’album « Songs of Surrender »
« Every Breaking Wave » extrait de l’album « Songs of Surrender »
« Walk On (Ukraine) » extrait de l’album « Songs of Surrender »
« Vertigo » extrait de l’album « Songs of Surrender »
« I Still Haven’t Found What I’m Looking For » extrait de l’album « Songs of Surrender »
« Peace on Earth » extrait de l’album « Songs of Surrender »