Connue dans le monde entier, la designer matali crasset travaille depuis les années 90 avec de grandes marques comme Ikea, Seb ou encore Artémide, et de grands éditeurs internationaux, comme Campeggi, Le Buisson, Danese, Domeau & Péres, pour fabriquer des objets. Mais elle ne se contente pas de produire des objets, ces êtres non-vivants auxquels on s’attache, elle explore aussi d’autres terrains de création, comme le graphisme, le mobilier ou encore la scénographie d’exposition et l’architecture.
Comment travaille-t-elle ? D'où viennent ses inspirations ? Quels sont les moments fondateurs de sa vie d’artiste ?
C’est d’abord son enfance, à Châlons-en-Champagne, dans la campagne blanche, retirée mais chaleureuse.
Quand on est créateur, l’endroit d’où l’on vient a beaucoup d’importance. En vivant dans un village de 90 habitants, j’ai eu la chance d’expérimenter la vie en communauté. Ça a marqué ce que je fais aujourd’hui.
Elle se souvient de son apprentissage heureux au sein de l'École nationale supérieure de création industrielle de Paris, et de l’importance dans son travail actuel de l’enseignement qu’elle y a reçu :
On est dans un système scolaire, on est moyen toute sa vie... Et puis d’un seul coup on entre dans une école [l'École nationale supérieure de création industrielle de Paris], dans un système qui ne fonctionne pas du tout pareil. L’idée, c’est de nous donner confiance, il y a une générosité énorme dans cette école. Si aujourd’hui mon travail est généreux, c’est bien sûr parce que ma maman était généreuse, mais aussi grâce à l’école. Les quatre ans et demi passés dans cette école m’ont confortée dans l’idée du vivre-ensemble, de la complémentarité des uns et des autres.
Elle voyage ensuite en Italie, et travaille auprès du designer Denis Santachiara, puis de Philippe Starck.
Denis Santachiara avait des thématiques comme la domestication de la technologie. Et c’est ce qui m’intéressait. Il allait aussi jusqu’à mettre un côté magique dans les objets. C’est ce qui nous sépare. Je pense qu’il n’y a pas besoin d’effet magique dans les objets.
Touche-à-tout, elle peut créer une lampe avec Ikéa, produite en série (« Ikéa PS 2017 Light ») inspirée des modèles de lampes des cheminots, monter une exposition personnelle dans une galerie d’art confidentielle, travailler sur les kiosques parisiens, ou encore contribuer au "MuMo", un musée d’art contemporain mobile, itinérant, qui va à la rencontre des enfants âgés de 6 à 12 ans, dans des zones parfois géographiquement ou socialement éloignées de l’accès à la culture…
Je travaille avec les envies des partenaires qui poussent notre porte et qui me proposent de collaborer avec eux.
Le fait de devenir designer, c’est un long processus, et l’épanouissement s’est fait conjointement.
Je ne m'appuie pas sur la forme, mais sur le rituel. J'aime beaucoup quand on parle du design comme d'une anthropologie appliquée. C'est ça, je crois qu'au cours des siècles, on a ajouté des couches de complexités. Notre travail c'set de retirer cette complexité et de toucher ce qui est humain.
En savoir plus :
Retrouvez la vidéo de la masterclasse ci-dessous :
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Son site officiel
Matali Crasset expose sa vision du métier de designer industriel ; une vidéo à voir sur YouTube
Approche de la conception d’un produit avec la designer Matali. Entretien à lire sur le site The Concrete Family
matali crasset dans l’Atelier A d’Arte.tv
matali crasset présente son Blobterre, exposé au Centre Pompidou, au cours d’un entretien avec la commissaire de l’exposition Corinne Rozental
Jardin sonore de matali crasset, un Atelier de création radiophonique coproduit par France Culture et le Centre national des arts plastiques. En ligne sur le site du Cnap