Déconnecter - Résumé d'atelier
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D'après le Baromètre du numérique - Edition 2021 du Crédoc, les français passent en moyenne 22 heures par semaine sur Internet yous usages confondus, soit plus de 4 heures par jour. Le numérique est aujourd'hui omniprésent : travail, loisirs, culture, famille... Au point que la déconnexion semble parfois inconcevable.
Sommes-nous addicts au numérique ? Pourquoi checkons-nous en boucle nos réseaux sociaux ? Existe-t-il des astuces pour déconnecter ?
Addicts au numérique ?
Lucien Fauvernier, Psychologies, « Les réseaux sociaux peuvent-ils devenir une véritable addiction ? »
https://www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Dependances/Interviews/Les-reseaux-sociaux-peuvent-ils-devenir-une-veritable-addiction
Aucune instance scientifique ou médicale ne reconnaît une addiction au numérique, et ces tendances ne comportent pas de rupture des liens sociaux ou des situations de dépendance. Il existe néanmoins des utilisations très fréquentes et obsessives. Il faudrait plutôt parler de comportement compulsifs : vérifier les notifications de son smartphone, vérifier si ses publications reçoivent des "j'aime" ou des commentaires...
D'après une étude britannique, nous consulterions notre téléphone en moyenne 211 par jour. Ces micro-coupures sont très courtes, mais grêlent notre quotidien et nous interrompent constamment.
Pourquoi ?
Qu'est-ce qui nous pousse à checker de manière compulsive nos smartphones ?
On peut tout d'abord citer la validation sociale : les interactions sur les réseaux sociaux activent les mêmes zones du cerveaux que de véritables interactions sociales, même si celles-ci ne sont pas aussi enrichissantes. Les réseaux sociaux nous donnent l'impression d'être reconnus par les autres, de partager et de consruire ensemble.
La FOMO (Fear of Missing Out) ou peur d’être laissé de côté, est également un facteur important de boulimie informationnelle : pendant que nous ne sommes pas en train de vérifier nos fils d'actualités, nous pourrions être en train de rater la nouvelle de la journée, et nous retrouver en retard sur l'actualité, ne pas partager ce moment commun, ne pas comprendre les discussion qui en résultent...
Dernièrement, les réseaux sociaux sont une récompense facile. Un tweet amusant n'est certes pas très enrichissant, mais le cerveau y attache plus de valeur que l'accomplissement d'une tâche importante mais lointaine : c'est le biais du court terme.
Les effets de ces obsessions sont multiples : sommeil réduit, anxiété,, perte de concentration, tensions lors des moments de socialisation...
L'économie de l'attention
Arte, Dopamine, « Comment Facebook vous rend addict ? »
https://www.youtube.com/watch?v=IahJWpRGbWE
En 2004, Patrick Le Lay, alors président-directeur général du groupe TF1, déclarait « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible ». L'attention est une ressource qui peut être captée, produite et exploitée, et dont la personnalisation des contenus permise par le numérique augmente la valeur.
« Si c’est gratuit c’est que vous êtes le produit ». Cette maxime anonyme s'applique aux réseaux sociaux : Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat... Plus de temps passé sur ces services signifie une plus grande collecte d'informations personnelles (âge, genre, goûts, localisation...), ce qui signifie plus d'exposition à des publicités mieux ciblées. Les réseaux sociaux et plateformes du web sont donc encouragés à mettre en place des mécaniques de rétention et de compulsion : fils d'actualité infinies, surabondance de notifications, nouveaux moyens d'interaction...
Comment s'en sortir ?
Des agences de voyage proposent désormais des packs "déconnexion"
Partir en vacance est-il un bon moyen de quitter l'omniprésence du numérique ? Certaines agences de voyage proposent des séjours "déconnexion" pour devenir injoignable. Il existe néanmoins des solutions plus pratiques pour réduire sa consommation de numérique.
Les dernières versions d'Android, le système d'exploitation pour smartphones et tablettes, proposent des paramètres de « bien-être numérique ». Ceux-ci permettent de mesurer son temps d'écran, d emettre en place des minuteurs pour chaque applications, de mettre sur liste noire des applications, ou un mode heure du coucher, qui bloque les appels et passe l'écran en niveaux de gris. Bloquer les notifications permet également de réduire les distractions.
Les écrans de télévision, d'ordinateurs et de smartphones produisent une lumière bleue artificielle. En plus de fatiguer les yeux, celle-ci bloque la production de mélatonine, l'hormone du sommeil. Sur Android, le règlage "confort visuel" permet de rendre l'écran plus orange, conséquence du filtrage de la lumière bleue. Sur PC Windows, le logiciel f.lux propose la même fonctionnalité.
Prendre conscience des tics numériques et remettre en question ses automatismes est le moyen le plus efficace de réduire son usage du numérique. Cela peut passer par des gestes simples, comme ne pas charger le téléphone sur la table de chevet pour éviter de le consulter la nuit ou au réveil. Plus radical, désinstaller des applications ou fermer ses comptes est un moyen de se forcer à lâcher prise. La plupart des réseaux sociaux permettent de simplement désactiver un compte : si celui-ci n'est pas immédiatement accessible, il peut rapidement être remis en marche. Cela peut permettre d'expérimenter avec un quotidien moins numérique, et de voir ce dont on peut, au final, se passer.
Pour aller plus loin
• Dopamine, la série d'Arte sur les méchanismes addictifs des réseaux sociaux
• Notre sélection sur la déconnexion