Syracuse

Jean-Dominique Senard est arrivé en 2019 juste après l'arrestation de Carlos Ghosn, à un moment où l'existence même du groupe Renault était en cause. "Je crois que nous sommes dans une situation beaucoup plus positive, Renault va beaucoup mieux", assure-t-il. "Nous nous confrontons à un avenir extrêmement sensible, le monde de l'automobile est soumis à une révolution considérable", mais les conditions, selon le président de l'entreprise, sont désormais plus propices pour affronter ces défis.

Renault a lancé une organisation en deux entités, "Ampère" pour l'électrique et "Horse" pour le thermique. Un moyen de lever plus de capitaux pour l'électrique, qui coûte cher ? "Les véhicules électriques sont chers, on ne va pas se le cacher, d'autant plus que le prix des matières premières a connu une inflation majeure. Ca pose le problème de la compétitivité globale de ces véhicules", explique Jean-Dominique Senard. Ainsi, "cela crée un écosystème de partenaires : on ne peut plus être seuls, les partenaires ce sont Nissan et Mitsubishi mais ce peut aussi être Qualcomm ou Google, qui apporteront leurs compétences".

"Nous sommes en train d'embaucher en France"

L'objectif de la division Ampère de Renault c'est d'avoir une production d'un million de véhicules pour 2030, objectif atteignable selon le dirigeant : "Nous sommes en train d'embaucher en France, la réindustrialisation passe par là, les usines qui étaient inutilisées le sont désormais complètement (...) Tout ce qui est fait en ce moment est fait pour donner la compétitivité nécessaire à cette production", explique-t-il.

L'autre objectif, c'est d'être prêt à temps pour le zéro émission annoncé pour 2035 : "Ce type de perspective a fait prendre conscience de la dépendance de cette industrie par rapport à un certain nombre de sujets, notamment les matières premières " : en d'autres termes, pour faire des voitures électriques il faut des batteries, et pour faire des batteries il faut des métaux.

"Il va falloir s'assurer d'un accès à l'énergie pas cher et abondant"

Mais comment faire aujourd'hui pour que la "classe moyenne" accède à l'électrique ? Le PDG de Stellantis, Carlos Tavarez, dit que le tout électrique est "un dogme". "La question sociale est exacte, celle de la conversion des gens aussi", dit-il. "Pour cela il va falloir s'assurer d'un accès à l'énergie pas cher et abondant".

Mais l'autre question, c'est celle du choix de la technologie : "L'électrique est une piste, mais ce n'est pas la seule : la question des carburants alternatifs est aussi une piste possible. C'est pour cela qu'on a fait Horse : pour faire que toute cette technologie thermique hybride de très haut niveau, avec des carburants alternatifs, permettrait d'alimenter les moteurs thermiques existants avec des carburants qui feraient que l'équation carbone de cet ensemble soit neutre".

Quand roulera-t-on dans des Renault à l'hydrogène ? "Ce sont d'abord des utilitaires, c'est déjà le cas. Je pense qu'en 2030, nous serons probablement leaders du marché", répond Jean-Dominique Senard.