Syracuse

La première loi autorisant le divorce fut adoptée le 9 octobre 1792 comme une conséquence de la laïcisation du mariage, devenu un acte civil. Entérinée par le Code civil de 1804, cette loi fut abrogée en 1816 car Louis XVIII avait rétabli le catholicisme comme "religion d'Etat".

La loi sur le divorce : une mesure âprement contestée

Il fallut attendre plus de soixante ans, et le retour du régime républicain, pour que des projets visant à rétablir le divorce soient présentés au Parlement. Le député radical Alfred Naquet joua un rôle clé dans l'adoption d'une mesure, qui nous paraît évidente aujourd'hui, mais qui fut âprement contestée. La première proposition de loi, déposée le 6 juin 1876 à la Chambre par Naquet, fut accueillie par des éclats de rire et immédiatement rejetée par ses collègues. Deux ans plus tard, sa nouvelle tentative n'eut pas plus de succès. Il décida alors de se lancer dans une grande tournée en province pour convaincre l’opinion de l’importance de la réforme dont il s’était fait le promoteur infatigable. A une époque où l'action politique était encore un sport de combat, Naquet fut parfois en butte à une foule hostile. Ce fut le cas à Millau où malgré la protection de deux brigades de gendarmerie, Alfred Naquet dut vider les lieux, sous les huées.

Les caricaturistes s'en donnent à cœur joie

La presse conservatrice le traîna à son tour dans la boue. Par exemple, dans le Figaro du 29 mai 1879, il est décrit comme un "petit être humain, gravement voûté, légèrement tordu, à tournure un peu diabolique". Etant donné que la question du divorce touchait à la sphère de la sexualité, du couple et de la moralité, les caricaturistes qui sévissaient dans la presse de l'époque s'en donnèrent à cœur joie. Le physique disgracieux d'Alfred Naquet fit l'objet de dessins ironiques sur "le bourreau des cœurs". D'autres le présentèrent comme un saint, portant une auréole sur laquelle était écrit: "A Alfred Naquet, les cocus reconnaissants". Le député radical dut aussi affronter les violentes critiques des élus catholiques. (...)

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