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Pourquoi la peinture de Rosa Bonheur est-elle vachement bien ?

Géraldine Mosna-Savoye
Diffusé le mardi, 18 octobre 2022 (59 min)


De son temps, Rosa Bonheur (1822-1899) était la peintre animalière la plus célébrée et la plus vendue. Pourtant, elle tomba dans l'oubli après sa mort. Expressive et inclassable, son œuvre s'enracine dans son amour pour les animaux, et résonne avec notre relation au vivant.


Leïla Jarbouai Conservatrice au musée d'Orsay



   
Provient de l'émission
Sans oser le demander

Au programme
  • D'abord l'impression de tomber sur une image comme une autre : celle d'un petit chien mignon, d'une petite boule de poils qui vous fait pousser un "Ooooh" attendri. Puis la sensation que quelque chose se passe : est-ce dans la pose de l'animal ? Ou peut-être dans son regard ?

    En tout cas, l'a priori du tableau animalier un peu kitsch disparaît. Car vous ne voyez plus alors un toutou comme un autre, vous regardez ce Toutou, celui de la peintre Rosa Bonheur. Née il y a 200 ans, oubliée à cause de son genre pictural ou de son genre tout court, comment a-t-elle pourtant renouvelé, de son vivant, l'approche du vivant ?

    Exposition Rosa Bonheur (1822-1899), du 18 octobre 2022 au 15 janvier 2023, au musée d'Orsay à Paris, à l'occasion du bicentenaire de la naissance de l'artiste.

    Pourquoi a-t-on oublié Rosa Bonheur ?

    “Rosa Bonheur a sombré dans l'oubli. Elle a été redécouverte par les féministes étasuniennes à partir des années 1970, plutôt par le biais de l'étude de la femme artiste. Mais il est temps qu'on s'intéresse à ses tableaux en eux-mêmes. Rosa Bonheur est dans un purgatoire pour diverses raisons : d'abord c'est une femme, et malgré la quantité de rétrospectives consacrées aux femmes, les vedettes de l'art restent très majoritairement masculines. Mais aussi, le genre animalier a longtemps été déprécié, considéré comme secondaire. Et puis Rosa Bonheur a eu le malheur de très bien vivre de son art... Ça lui était reproché du fait de la valorisation des artistes maudits, un art commercial était un peu douteux.” Leïla Jarbouai

    L'art animalier : un choix pragmatique

    “Rosa Bonheur dit qu'elle aimait énormément les animaux depuis toute petite. Mais elle était aussi très pragmatique puisqu'elle a fait l'expérience de la pauvreté. C’était sa mère qui faisait vivre les quatre enfants. Elle donnait des leçons de musique la journée, et faisait de la couture le soir, ce qui l'a conduite à mourir d'épuisement à 36 ans. Pour Rosa Bonheur, ce fut un traumatisme très profond. Elle s'est juré de venger sa mère en devenant artiste mais aussi en gagnant très bien sa vie, d’où le choix de l'art animalier. C'est un choix pragmatique car c'était un art qui se développait, qui avait son public et qui était quand même à la portée d'une femme.” Leïla Jarbouai

    Sons diffusés :

    • Musique de Christoph Willibald von Gluck, Don Juan ou le festin de pierre, 12. Allegro, Presto
    • Archive de Bernard Buffet, collectionneur de Rosa Bonheur, dans Sept jours du monde, le 24/01/1964
    • Archives du documentaire Une gloire du 19e siècle : mademoiselle Rosa Bonheur, réalisé par Aline Tacvorian, TF1, 16/10/1980
    • Chanson de Vadoinmessico, Pepita Queen of the animals
    • Extrait du film Buffalo Bill réalisé par William A. Wellman en 1944
    • Chanson de fin : Gérard Manset, Animal on est mal

    Bibliographie :

    • Sous la direction de Sandra Buratti-Hasan et Leïla Jarbouai : le catalogue de l’exposition Rosa Bonheur, co-éditions Flammarion/Musée d’Orsay (2022)
    • Sous la direction de Sandra Buratti-Hasan et Leïla Jarbouai : Rosa Bonheur, le regard des animaux, aux éditions des Falaises (2022)
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Sans oser le demander
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  • Radio France
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