Syracuse

Anne Lauvergeon, l'ancienne patronne du géant du nucléaire Areva, aujourd'hui présidente de la société de conseil et d'investissement, ALP, publie "Un secret si bien gardé", aux éditions Grasset. Ce "secret si bien gardé" serait celui d'EDF, qui pourrait produire plus d'électricité, selon l'autrice.

"Nous avons tous aimé EDF, né du Conseil national de la résistance et qui nous a délivré pendant plus de 30 ans une électricité très bon marché, une des moins chères d'Europe, décarbonée grâce aux réacteurs nucléaires et à l'hydroélectricité, les grands barrages. Or, depuis dix ans, nous avons changé de monde. Nous avons une électricité qui a pris 120%, trois, quatre fois l'inflation tous les ans. Et nous sommes dans une situation où nous n'avons plus cet avantage compétitif sur l'électricité. Et ces factures d'électricité, tout le monde en souffre, les particuliers, les artisans, les PME, mais aussi les grandes entreprises", souligne-t-elle.

"On peut produire beaucoup plus sur la base installée"

Après des années très difficiles, EDF a annoncé en 2024 de meilleurs résultats, avec "11,4 milliards d'euros de bénéfices nets et la satisfaction d'être revenu à une production de 361,4 TWh", rappelle Anne Lauvergeon. Sa performance s'établit alors à 67% de sa capacité, contre une "moyenne européenne largement au-dessus de 85% hors EDF", d'après elle. "Ça veut dire qu'en fait, et c'est pour ça que j'ai fait ce livre, on peut produire beaucoup plus sur la base installée." Plutôt que de prévoir dans la PPE, programmation pluriannuelle de l'énergie, "d'énormes investissements pour des nouveaux réacteurs", elle invite à "utiliser à fond ce que nous avons".

"Le sujet, il est majeur pour la France", insiste-t-elle. "Nous avons terriblement besoin de décarboner notre économie. Et nous avons les moyens. Vous pourriez dire, oui, il y a 30 ans, il y a 40 ans, on a trop investi dans le nucléaire, on a trop de réacteurs nucléaires. Peut-être. On les a. Faut-il donc les faire fonctionner à 67% ? Ce qui est prévu dans la PPE et cacher aux Français qu'on pourrait produire plus, et diminuer pour la première fois depuis dix ans les factures d'électricité."