Il va rendre son tablier dans quelques jours et alors que le monde des médias bouillonne. Le patron de l'Arcom, régulateur de l'audiovisuel, Roch-Olivier Maistre, "autorité qui a fonctionné en toute indépendance à l'égard des autorités politiques et économiques" ces dernières années, estime que le débat actuel de savoir s'il faut quitter le réseau social X est "tout à fait légitime", se jugeant toutefois plutôt de l'école de ceux "qui ne laissent pas le terrain" que de ceux qui quittent la plateforme. "Nous avons la chance d'être sur un continent qui tente une approche de régulation, avec un modèle protecteur de nos libertés et fidèle à nos valeurs, mais qui demande à ces acteurs de lutter contre les contenus illicites, la liberté d'expression est un droit limité par la loi, il n'y a que les libertariens pour imaginer qu'elle est absolue", dit-il.
"On ne peut pas diffamer, injurier, porter atteinte à la dignité de la personne, porter des contenus racistes ou antisémites", ajoute Roch-Olivier Maistre, rappelant que l'article 11 de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen "dit tout". "Cela ne peut pas être une liberté absolue dans une démocratie, sinon il n'y a pas de vie commune, il n'y a que la loi qui peut le fixer dans une démocratie."
Fréquences télé : "un bien public"
Interrogé sur la nouvelle numérotation de la TNT, actée début janvier, le président de l'Arcom rappelle que "les fréquences sont un bien public qui appartient à la nation, sont attribuées aux éditeurs de radio et de télévision pour une durée limitée, dix ans, renouvelables une fois pour cinq ans pour les télévisions". S'agissant de la sortie de C8 et de NRJ de la TNT, Roch-Olivier Maistre avance que "nous avions 24 candidats, la compétition a fonctionné et les Français vont découvrir deux nouvelles chaînes, qui vont contribuer au pluralisme, dont un porté par un grand titre de presse régionale, Ouest-France". S'il souligne la présence de deux nouveaux éditeurs dans le paysage de la télévision, il affirme être favorable à une "revisite" du droit de la concentration face à la présence d'une poignée de très gros investisseurs qui se partagent le marché des médias audiovisuels.
A propos du mécontentement de BFMTV, qui se voit changée de canal et désormais regroupée avec les autres chaînes d'information, "beaucoup de personnes ont été satisfaites", dit-il. "Le choix qu'on a fait est cohérent, avoir France 4 avant France 3 et France 5, mettre les chaînes d'info dans la continuité, c'est avoir accès à une offre pluraliste dans la continuité, quant à BFM, son projet éditorial doit être suffisamment fort pour se défendre face à la concurrence, on ne peut pas être adepte du libéralisme et s'y opposer quand il nous concerne", tance le patron sortant de l'Arcom. Son remplaçant, le haut fonctionnaire Martin Ajdari, actuel directeur général adjoint de l'Opéra de Paris, prendra la tête de l'instance le 2 février.
