Volonté d'annexer le Groenland, menace de guerre commerciale contre l'Union européenne, ambition de faire du Canada le "51 État" américain, etc. Les Français se réveillent chaque jour avec de nouvelles déclarations choc de Donald Trump. La dernière en date : le président des États-Unis a lancé mercredi que la construction européenne avait été décidée pour "emmerder" les États-Unis.
"Ça me rappelle le premier mandat parce qu'il y a une volonté, une tactique de saturer et d'obliger les autres à venir sur l'agenda. Le premier mandat, c'était les tweets. Là, je suis surpris par l'ampleur, la violence. Ça, c'est quelque chose de relativement nouveau. Mais la tactique reste la même", analyse Philippe Etienne, ancien ambassadeur de France aux États-Unis.
"Je suis frappé par la substance de nos désaccords, sur la politique, sur la démocratie", ajoute Alain Frachon, éditorialiste international au Monde. "On a eu des leçons de démocratie hallucinantes, administrées par le vice-président Vance. Or, notre alliance est fondée sur le partage d'une idée à peu près commune de ce qu'est la liberté et ce qu'est la démocratie. Nous ne sommes pas en accord sur la stratégie à mener pour défendre l'Ukraine. En gros, nous ne sommes pas en accord sur la sécurité en Europe. Or, cette alliance est faite pour garantir la sécurité en Europe." Pour lui, "l'OTAN n'a jamais traversé une crise aussi grave, il y en a eu des crises, mais de cette ampleur, je ne crois pas". Il décrit un "fossé énorme". "C'était l'ambition stratégique, diplomatique, de toujours, de la diplomatie moscovite", souligne-t-il.
"Tout ce qui est en train de se passer couve depuis très longtemps"
"Tout ce qui est en train de se passer couve depuis très longtemps et malheureusement les Européens n'ont pas voulu le voir ni l'entendre", souligne de son côté Rym Momtaz, rédactrice en chef de la plateforme Strategic Europe chez Carnegie. "Ça fait des décennies que des administrations démocrates et républicaines disent clairement aux Européens, on ne peut plus continuer comme ça." Il est nécessaire selon elle de "s'asseoir autour d'une table" pour "revoir les termes de cette alliance pour pouvoir soit la sauver, soit acter la fin de cette alliance qui a duré pendant 80 ans et peut-être qu'elle ne peut plus continuer".