Charles Cunningham Boycott est un ancien officier de l'armée britannique reconverti en gestionnaire de terres. A la fin du XIXe siècle, il se retrouve au cœur d'un conflit qui donnera naissance à une nouvelle expression dans la langue anglaise.
À cette époque, l'Irlande est secouée par des crises agraires sévères, exacerbées par des récoltes désastreuses et des loyers exorbitants imposés aux paysans locaux.
En tant que gestionnaire, Boycott est chargé de collecter ces loyers et de maintenir l'ordre, souvent de manière impitoyable.
La tension atteint son paroxysme en 1880, lorsque les fermiers, sous l'impulsion de la Ligue agraire nationale, demandent une réduction significative des loyers. Boycott, refuse toute concession majeure, ce qui entraîna une série d'expulsions. En réponse, Charles Stewart Parnell, un leader politique influent et figure de proue de la ligue, incite les locaux à ostraciser Boycott sous la forme d'une exclusion sociale et économique totale.
Le nom de Boycott est alors utilisé pour décrire cette tactique de résistance non violente.
Les travailleurs refusent de récolter ses terres, les commerçants de lui vendre des biens, et même le facteur cesse de livrer son courrier. Cet isolement forcé est si efficace que Boycott doit faire appel à une main-d'œuvre extérieure, protégée par des soldats, pour sauver ses récoltes, opération qui se révèle coûteuse et inefficace.
L'histoire de Charles Boycott captive l'attention des médias britanniques et internationaux, faisant du terme "boycott" un mot courant qui fait officiellement son entrée dans les pages de l'Oxford English Dictionary en 1888.
Après cet épisode, Boycott retournera en Angleterre, où il vivra discrètement jusqu'à sa mort en 1897. Mais son nom lui restera gravé dans l'histoire comme le symbole de l'oppression et de la résistance collective.
De nos jours, le boycott s’inscrit dans un éventail très large d’actions menées autour de la consommation engagée.
"La consommation engagée serait la consommation qu’on cherche à déplacer pour pouvoir utiliser par son moyen des effets de levier pour faire pression sur les entreprises et les pouvoirs public" explique la sociologue Sophie Dubuisson-Quellier autrice de La consommation engagée" (Sciences Po Les Presses)
Cette consommation engagée se matérialise par le commerce équitable, le "made in France", le bio. Encouragée par des associations et des ONG comme une manière de mener les consommateurs à réfléchir sur les produits et services consommées, les acteurs économiques tendent à y trouver un intérêt économique et s'en emparent.
C'est l’histoire de ces mouvements que nous allons vous raconter.
