Depuis quelques semaines et comme chaque année, les tops classant tout ce qu'il fallait avoir vu, écouté, lu durant l'année 2024 sont absolument partout. Le Monde publiait aussi récemment une enquête sur la charge mentale que pouvait représenter l'offre culturelle, notamment de séries qui semblent en effet infinies. Alors ça peut sembler paradoxal quand l'accès à des lieux de culture reste dans certains territoires assez compliqué. Mais est ce que nous faisons face malgré tout à un trop plein de propositions culturelles ? Pour en parler avec nous Jean-Miguel Pire, historien, sociologue, chercheur à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes et auteur de L'otium du peuple. A la reconquête du temps libre (Sciences Humaines Eds, 2024).
Ce dernier estime que nous avons le sentiment d'être submergés "parce que notre rapport à la culture est aujourd'hui dominé par le logiciel du 'divertissement'. C'est-à-dire qu'il faut absolument multiplier les expériences culturelles, et avoir un rapport peut-être un peu superficiel, passer de l'un à l'autre et finalement, nous n'avons jamais la possibilité de nous poser vraiment, de nous arrêter sur un rapport à une œuvre, sur une expérience pour l'approfondir." Il pense que c'est cela qui crée cette frustration, "Rien dans notre société et dans nos valeurs, en tout cas celles qui sont, qui sont imposées par la société de consommation ne nous incite à avoir une autre attitude avec nos expériences culturelles."
Doit-on dès lors considérer que ce qui se déroule sur nos écrans est forcément du temps mal investi, forcément du divertissement ? Ce n'est pas l'avis non plus de Jean-Miguel Pire qui rappelle que "Les écrans sont une source extraordinaire d'enseignements, de connaissances, de réflexion." Or il se trouve qu' aujourd'hui "une industrie du divertissement, et notamment sur les réseaux et les réseaux sociaux, s'est développée sur le principe de la captation de notre attention." Notamment le scrolling, lors duquel défilent les images et les vidéos sur nos écrans, et après quoi "nous avons le sentiment de n'avoir littéralement rien fait, parce que rien ne s'est vraiment imprimé dans notre conscience et on n'a eu aucun usage fécond de ce temps de loisir qu'on aurait pu utiliser sur nos écrans, à apprendre des choses, à intensifier un peu notre relation au réel."
Brèves
Un personnage bien connu tombe cette année dans le domaine public américain. L’image de Tintin pourra - sous certaines conditions - être copiée, partagée, reproduite ou adaptée aux Etats-Unis sans qu'un centime soit versé aux ayants droit. Il ne faut pas s'attendre pour autant à voir de grosses productions s'en emparer pour une diffusion mondiale : il faudra attendre que Tintin tombe dans le domaine public belge, soit 70 ans après la mort de Hergé, en 2034, pour que le maitre de Milou puisse être reproduit sans contraintes en Europe.
La cassave amérindienne et un luth d'Asie centrale classés par l'Unesco. Début décembre, l'organisation classait la cassave, cette galette sans levain d’origine précolombienne, élaborée à partir de farine de manioc, au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. En parallèle, l’UNESCO a aussi classé dans cette liste le rubab, luth traditionnel d’Asie centrale, pour en prévenir l’oubli ; sa fabrication et sa pratique sont en effet menacés par le régime des Talibans qui interdisent désormais son usage en Afghanistan.
Editis fait officiellement l’acquisition de Delcourt. La maison d’édition de Bandes-Dessinées est désormais chapeautée par le numéro deux de l’édition en France. Ce rapprochement qui avait été validé par l'Autorité de la concurrence en décembre porte les parts de marchés d’Editis dans la BD à 15%.