Marcel Griaule est un ethnologue connu pour ses travaux sur les Dogons à partir des années 30. Si ses travaux et recherches sont contestés aujourd’hui pour leurs nombreux biais, il est, dans les années 50, un des ethnologues les plus influents, professeur à la Sorbonne et président de la Commission des Affaires culturelles de l’Union française.
Sa disparition le 23 février 1956 ne passe donc pas inaperçue, et un an plus tard, les Dogons célèbrent, à Sangha, les funérailles de celui qu’ils considéraient comme l’un des leurs.
L’enregistrement des cérémonies funèbres constituent le fil conducteur de cette émission, où on entend bien sûr Marcel Griaule lui-même, son collaborateur Éric Lutten, l’éditeur et écrivain François Di Dio, son remplaçant à l’Union française Jacques Chastenet et, enfin, sa collaboratrice Germaine Dieterlen. Cette émission a été diffusée pour la première fois le 27/02/1957 sur la Chaîne Parisienne.
Au-delà des clichés sur les primitifs
Pour Marcel Griaule, la rencontre avec les Dogons remet en question tout ce qu’on lui a enseigné : "Je croyais que les primitifs représentaient un stade mal évolué, peu évolué, ou pas évolué du tout de l’humanité, où les connaissances se présentaient avec une certaine incohérence. Et petit à petit et surtout d’un seul coup, lorsque j’ai reçu cette espèce d’initiation d’un vieux noir qui est lui-même venu me chercher dans le fond du Soudan, je me suis aperçu qu’on avait affaire à des populations dont les croyances étaient organisées, qui avaient un système cohérent de pensée et une conception du monde extrêmement complexe et riche, et qu’on ne pouvait plus, pour ces gens-là, parler de primitifs."
Marcel Griaule, un maître génial
Éric Lutten a passé deux ans en expédition ethnologique avec Marcel Griaule : "C’est en arrivant chez les étranges et prodigieux Dogons, alors pour ainsi dire, inconnus du monde savant, que s’est le mieux manifesté à mes yeux l’étonnant génie de notre maître, qui devait devenir spirituellement l’un des leurs. Nous avions chacun notre spécialité à étudier, puis généralement au cours des repas, se tenait la conférence où chacun apportait ses observations et ses énigmes. De cette confrontation, de ce travail en équipe que dirigeait Griaule, jaillirent des trouvailles, de prodigieuses découvertes, et c’était bien Griaule qui les provoquait, en indiquant dans quel sens il fallait poursuivre les questions à poser à nos informateurs."
- Par Pierre Ichac
- Réalisation Simone Beauvois
- Avec François Di Dio (écrivain et éditeur), Jacques Chastenet (président de la commission des affaires culturelles de l’assemblée de l’Union française, membre de l’Institut), Éric Lutten (ethnographe) et Germaine Dieterlen (ethnologue)
- Avec la voix de Frédéric Pottecher
- En archives : Marcel Griaule au micro de Jean Amrouche (producteur de l'émission "Des idées et des hommes")
- Le monde comme il va - Hommage à Marcel Griaule (1ère diffusion : 27/02/1957 Chaîne Parisienne)
- Edition web : Valérie Ernould, Documentation de Radio France
- Archive Ina-Radio France