Syracuse

Dans le monde moderne, le silence est une denrée rare. On est toujours en présence de bruits sourds à l'intérieur comme à l'extérieur auxquels on s’est tellement habitués qu’on ne les perçoit même plus. Notre tolérance au bruit révèle une addiction, une intoxication dont le sevrage est des plus brutaux. C’est ce qu’on constate avec les expériences des chambres anéchoïques, des salles dont les murs absorbent les ondes électromagnétiques et sonores. Point d’écho donc et un silence total qui rend littéralement fou. C’est donc sur ce rapport toxique au bruit et sur la recherche scientifique autour du silence que revient en 1981 ce numéro de "Communauté des radios publiques de langue française", une production canadienne.

Un monde sans silence

Dans notre quotidien, le silence est une illusion. Le ronronnement des appareils électroniques, le bourdonnement des villes, les casques anti-bruit ne font que masquer un vacarme omniprésent. La solution de facilité de rajouter du bruit pour masquer un fond sonore gênant est non seulement un simulacre de silence, mais surtout une mauvaise idée, car cela induit plus d'énergie sonore donc plus de sollicitations pour l'oreille.

Cette saturation sonore fatigue nos sens, affecte notre bien-être et façonne notre perception du monde. Mais existe-t-il encore des refuges pour l’oreille ?

L'expérience du silence total

Les chambres anéchoïques, conçues pour absorber toute onde sonore, offrent une réponse extrême : un silence absolu… et terrifiant. Privé de repères auditifs, le corps réagit violemment. Respiration, battements du cœur, circulation sanguine deviennent assourdissants, voire oppressants. Alors faut-il réellement rechercher le silence ou plutôt réfléchir à comment atteindre une plénitude grâce à un silence partiel ?

Le silence total n'existe de toute façon pas dans la nature, il y a toujours une sorte de vibration même dans les déserts les plus reculés. C'est bien le silence partiel, relatif qui est régénérateur pour notre organisme et non le silence extrême.

• Par Albert Martin
• Communauté des Radios Publiques de Langue Française - La révolution sonore : le silence (1ère diffusion : 11/07/1981)
• Avec Gilles Tremblay (musicien), Raymond Eytu (psychoacousticien) et Antoine Aumont (physicien)
• Réalisation Raymond Fafard
• Edition web : Documentation de Radio France
• Archive INA