Dès le mois de janvier, juste avant son investiture, Trump a nommé Sylvester Stallone, Mel Gibson et Jon Voight “ambassadeurs” de l’industrie cinématographique américaine. La mission de ces trois représentants des films d’action testostéronés : “restaurer l’âge d’or d’Hollywood”. Autrement dit : mettre un frein aux dérives inclusives et progressistes du cinéma américain, promues ces dernières années par de nombreux acteurs du secteur comme Netflix ou Disney et contre lesquelles l’administration Trump a déjà pris des mesures comme la suppression des aides fédérales aux entreprises mettant en place des programmes DEI (Diversité, Équité, Inclusion). Un bras de fer qui vient de s’illustrer par la décision de Disney de retirer en mars le message d’avertissement sur ses anciens films dont certaines scènes pouvaient être considérées comme racistes ou sexistes, et ce après qu’une enquête de la Commission fédérale des communications a été ouverte contre l’entreprise au sujet de sa politique de recrutement.
Sans être directement liée au gouvernement, l’industrie hollywoodienne a longtemps été le promoteur le plus efficace des valeurs et du “modèle” américain. Bien qu’Hollywood soit aujourd’hui un écosystème plutôt défavorable à Trump et pro-démocrates, l’usine à rêves américaine, qui est avant tout une industrie représentant des milliards de dollars, pourrait se conformer aux valeurs de l’actuel gouvernement et les promouvoir, notamment dans l’objectif de protéger ses intérêts sur les marchés mondiaux. Un pari qui pourrait s’avérer risqué et pourrait faire perdre de son aura à l’industrie hollywoodienne en cas d’échec.
Focus - Institutions culturelles : la Smithsonian Institution et le Kennedy Center au cœur de la croisade idéologique de Donald Trump
Avec Jean-Michel Tobelem, docteur en sciences de gestion habilité à diriger des recherches, professeur associé à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne et enseignant à l’École du Louvre, directeur de l’organisme d’étude et de conseil “Option Culture”
Jeudi 27 mars, Donald Trump a signé un décret s’attaquant à la programmation de la Smithsonian Institution, un réseau culturel de 21 musées qui abrite également des centres de recherche accusés de mener “un endoctrinement idéologique” racial. Et ce un mois après que le nouveau président américain a pris la tête du Kennedy Center, un centre culturel national et une salle de spectacle, accusé lui aussi de programmer des spectacles trop "woke".
Pour aller plus loin :
Références sonores :
- Donald Trump se félicite d'avoir mis fin aux programmes Diversité, Équité et Inclusion (DEI) devant les membres du Congrès américain - NDTV, 5 Mars 2025
- Le PDG de Disney, Bob Iger, critique l’utilisation du terme “woke” et dit que le but premier de Disney est de divertir - Variety, 6 avril 2024
- Brendan Carr, directeur de la Commission fédérale des communications (FCC), au sujet des années de mandat de Joe Biden - Washington Examiner, 1er avril 2025
- Sylvester Stallone déclare que Donald Trump est le deuxième George Washington, lors du discours au gala de l'America First Policy Institute à Mar-a-Lago - WFAA, 15 novembre 2024
- Bande-annonce du film satirique “Am I a racist ?”, se moquant des excès supposés de l’idéologie “woke”. Sorti en 2024 et coécrit par l’animateur de podcast conservateur Matt Walsh - Chaîne YouTube de Matt Walsh, 24 juillet 2024
- Karen Covell, fondatrice de Hollywood Prayer Network, au sujet du cinéma et de Jésus, fondamentalement compatibles d’après elle - Arte, 20 décembre 2024
- Des personnes réagissant à l'annonce de reprendre en main la programmation de la Smithsonian Institution - France 24, 3 avril 2025
- Chanson : Arcade Fire - "Soft power" (2013)