En janvier 2025, dans la région de Catatumbo au nord-est de la Colombie, des milliers d’habitants ont été contraints à l’exil en raison d'affrontements violents qui ont opposé l’Armée de libération nationale (ELN) et des groupes dissidents. Plus de 70 personnes ont été tuées en trois jours et les autorités ont intensifié leur offensive militaire dans la région. Cette attaque rappelle les pires heures du conflit armé colombien qui a duré plus de 60 ans.
En 2016, un accord de paix entre le gouvernement colombien et la principale guérilla du pays, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), est signé. Cet accord de paix contient 6 points : une réforme agraire complète, la participation politique, la fin du conflit, une solution au problème des drogues illicites, un accord sur les victimes du conflit et des mécanismes de mise en œuvre, de vérification et de plainte. Un an après commencent les programmes de démobilisation et de réinsertion pour les anciens combattants. On estime aujourd'hui qu’environ 13 000 personnes ont été désarmées et bénéficient de mesures diverses de réinsertion. Une partie des anciens dirigeants a également accepté de participer au jeu démocratique après avoir fondé leur propre parti en 2017, appelé dans un premier temps FARC (cette fois-ci pour Force alternative révolutionnaire commune) puis Comunes.
La réinsertion économique et la participation à la vie politique restent toutefois difficiles et précaires pour beaucoup d’anciens combattants. Le parti Comunes est traversé par les divisions, tandis que les anciens guérilleros sont perçus avec méfiance par le reste de la population et vivent dans la peur de se faire assassiner. La persistance de mouvements armés et d’affrontements violents pourrait aussi fragiliser la démobilisation.
Focus - Pérou : l’exclusion des anciens combattants du Sentier lumineux de la vie civile et des politiques de réparations
Avec Valérie Robin Azevedo, professeure d'anthropologie à l'Université de Paris Cité et chercheure à l'Unité de recherche migrations et société (URMIS)
Fondé par le professeur de philosophie péruvien Abimael Guzmán en 1970, le Sentier lumineux est un mouvement maoïste qui choisit la lutte armée au début des années 1980. La riposte de l’État s'avère très violente et le conflit se termine en 2000 avec environ 70 000 morts et plus de 22 000 disparus. S’il y a bien eu un arrêt du conflit, la démobilisation et la réinsertion des anciens guérilleros n’ont cependant pas eu lieu.
Pour aller plus loin :
Références sonores :
- Témoignages de Colombiens suite à des affrontements entre groupes armés à Catatumbo en janvier 2025 - France 24, 21 janvier 2025
- Un commandant des FARC explique pourquoi il n’a pas signé l’accord de paix - Arte, 13 mai 2024
- Le président colombien Gustavo Petro affirme que les affrontements entre groupes armés sont un “échec de la nation”- France 24, 24 janvier 2025
- Des anciens membres des FARC expliquent qu'il est difficile de se réinsérer dans la société - Arte, 13 mai 2024
- Maria, une mère de famille, explique qu’il n’y a pas d’avenir ici, dans le nord du Catatumbo, et qu’elle a peur pour ses enfants - Arte, 13 mai 2024
- Un ancien membre du Sentier lumineux a créé le Mouvement pour l'Amnistie et les Droits Fondamentaux (MOVADEF), groupe politique très controversé, et explique les difficultés que rencontre son mouvement - France 24, 2 mars 2018
- Chanson : Tourista - “Te vi llorando” (2019)