Sociétaire de la Comédie-Française, dramaturge, acteur et réalisateur, Guillaume Gallienne a aussi bercé nos oreilles avec des extraits de classiques de la littérature de 2009 à 2020 sur France Inter dans l'émission Ça ne peut pas faire de mal. Il a été le peintre Cézanne dans Cézanne et moi, de Danièle Thompson, Lucrèce Borgia dans la pièce de Victor Hugo mise en scène par Denis Podalydès, et même sa propre mère dans son adaptation cinématographique de sa pièce Les Garçons et Guillaume, à table !
En ce moment, il tient le rôle de l’hypocondriaque Argan dans Le Malade Imaginaire de Molière, dans une mise en scène de Claude Stratz, visible jusqu'au 26 janvier 2025 à la Comédie-Française. Modernité folle, drôlerie, profondeur et génie, voilà tout ce qui nous attend sur scène pour cette adaptation.
Tentative de psychanalyse à l’adolescence
Guillaume Galienne a fait une première thérapie entre l'âge de 11 et 13 ans pour le sortir d’une dépression, puis à 16 ans, où il est tombé "sur un cinglé qui m’a bloqué plusieurs années". « C’était un psy toxique, ça m’a empêché d’aller voir d’autres psys par la suite, puis finalement, j’y suis retourné. Sans la psychanalyse, je me serais jeté par la fenêtre. C'est des moments où l'insupportable et le découragement sont tels que ça semble être la seule solution. C'est une façon de cracher au visage de la vie et de la mort. J'ai pu avoir ce genre de peur, mais depuis que je suis père, ce n’est même pas envisageable. »
Entre notoriété et ringardise
Aujourd’hui, Guillaume Galienne apprécie beaucoup mieux la cohabitation avec lui-même : « J'essaye d'apprécier des choses plus simples et je surfe parfois entre une notoriété et une ringardise. C'est assez rigolo parce que je n’ai pas fait beaucoup de cinéma ces derniers temps, j'ai fait une série anglaise géniale, mais personne ne l’a vue en France. Les gens me regardent un peu comme une espèce de tapisserie, et puis à d'autres moments, il y a des gens qui me font croire à une notoriété que je n’ai plus tellement. »
Son rôle dans Le Malade Imaginaire
Guillaume Galienne joue en ce moment Argan dans Le Malade Imaginaire, jusqu'au 26 janvier 2025, à la Comédie-Française. Une pièce reprise dans une mise en scène qui existe depuis plus de vingt ans, avec plus de 500 représentations, et il a jadis joué le rôle du notaire dans la même pièce : « Malheureusement, sans Claude Stratz, puisqu’il est décédé en 2008. Je ne l'ai pas connu, parce que quand j'ai repris le notaire, c'était en 2010. C'est une mise en scène très belle et raffinée, c’est aussi un hommage aux grandes mises en scène de Strehler. Il y a à la fois des références picturales d'une grande délicatesse et un décor qui est une espèce d’ancien palais qui a été muré pour se protéger de l'extérieur avec peu de fenêtres. C'est très beau, mais aussi sombre et crépusculaire. C'est la dernière pièce de Molière. Il l'a écrite un peu avant de mourir. Il se savait malade du poumon. C'est pour ça d'ailleurs qu'il a donné le bon diagnostic sur son état au faux médecin. Parce que quand même, il avait de l'humour jusqu'au bout. Il passe son temps à dire "dans quatre jours, dans quatre jours", et il est mort en jouant la quatrième. L'angoisse de la mort est là en permanence, et en même temps, c’est une des deux seules pièces de Molière qui soit une pièce de carnaval. Il y a la transgression, le défi de la mort et de la position sociale, et en même temps le charivari et la violence que ça peut entraîner. »
Une pièce d’une étonnante modernité
Dans Le Malade Imaginaire, on entend parler plusieurs fois de consentement, le mot y est même prononcé, mais d’autres sujets abordés témoignent également d’une grande modernité de la pièce : « C’est actuel, et en même temps, avec le temps, il se passe des choses amusantes. Par exemple, on a joué cette pièce juste après la pandémie, à la réouverture des théâtres, et tout d'un coup, la scène où Béralde dit à Argan que les médecins sont tous des ignorants, que toutes nos ressources sont en nous-mêmes, qu'il ne faut pas se soigner, que les médicaments ne servent à rien... Tout ça prenait une autre teinte, après tous les discours qu'on a pu entendre pendant la pandémie avec les contradictions, les antivax. Tout d'un coup, le débat devenait autre. C’est à la fois drôle et intéressant parce que ce qui était critiquable au XVIIᵉ a peut-être changé de camp au XXIᵉ. »
Pour en savoir plus, écoutez l'émission...
Actualité :
- La pièce de Molière Le Malade imaginaire , mise en scène par Claude Stratz et dans laquelle Guillaume Gallienne tient le rôle d'Argan, se donne jusqu'au 26 janvier à la Comédie-Française.
- Le 25 novembre, Guillaume Gallienne s'entretiendra avec Laurent Goumarre au Studio de la Comédie-Française, dans le cadre de la série des Portraits d’acteurs et d’actrices.
- Du 7 mai au 20 juillet 2025, Guillaume Gallienne jouera à la Comédie-Française dans Le Bourgeois gentilhomme de Molière, mis en scène par Valérie Lesort et Christian Hecq.
Extraits diffusés :
- La bande-annonce de la pièce Le Malade imaginaire de Molière, jusqu'au 26 janvier 2025 à la Comédie-Française, avec Guillaume Gallienne dans le rôle-titre
- La comédienne Julie Sicard incarnant Toinette dans la célèbre scène du poumon, avec Guillaume Gallienne en malade imaginaire
- Le titre Bang Bang (My Baby Shot Me Down) interprété par Nancy Sinatra en 1966
- La chanson Les Amis de Monsieur composée par Harry Fragson, popularisée par un enregistrement de Barbara en 1959, et reprise par Guillaume Gallienne avec Alexandre Tharaud au piano pour le disque Barbara (2017)
- Un poème d’Alicia Gallienne, Le sillage du soir venu, lu par son cousin Guillaume dans le dernier épisode de l’émission “Ça peut pas faire de mal”, sur France Inter en 2020
- Le téléfilm Oblomov, réalisé par Guillaume Gallienne pour Arte en 2017
- Jean-Paul Sartre dramaturge s’exprimant sur sa pièce Huis-clos en 1964 sur les ondes de l’ORTF
Choix musical de l’invité
Guillaume Gallienne nous fait écouter What A Wonderful World de Louis Armstrong, “parce que c’est tellement pas le cas !”
Découverte de l’invité
Guillaume Gallienne attire notre attention sur le podcast “Habitudes” du magazine L’Étiquette, que Valérie Lemercier lui a fait découvrir, et dont nous entendons le 14e épisode best of “Les erreurs de jeunesse” (2019).
Programmation musicale
Juniore - Méditerranée
The Cure - A Fragile Thing