Fort Alamo est le nouveau livre du romancier et dessinateur Fabrice Caro. Le récit commence au supermarché, comme dans Zaï, Zaï, zaï, zaï, l’excellente bande dessinée qui l’a fait connaître sous le nom de Fabcaro. Nous sommes à la caisse. Cyril, le narrateur, est dans la file, mais un homme le double, prend sa place sans s’excuser et paf, le malotru s'écroule sur le sol. Un filet dans le journal local précisera que l'homme a été victime d'un AVC.
Le problème, c'est qu'au fil des jours, Cyril, le narrateur, constate une hécatombe autour de lui. Á chaque fois qu'il éprouve de la colère contre un être humain ou un animal, celui-ci succombe. C'est fâcheux. Cyril finit par se décrire en super-héros doté de pouvoirs nocifs qu'il appelle AVC-man, ce qui nourrit inquiétude et culpabilité chez lui. Que va-t-il se passer au repas de Noël en présence de sa belle-sœur Corinne qu'il ne porte pas dans son cœur, et c’est un euphémisme ? On croise l'incroyable Hulk, Sinatra et Jean-Paul Sartre dont Caro complète la phrase "L'Enfer, c'est les autres, avec les réseaux".
Laurent Chalumeau : "Un livre parfait"
Le critique littéraire est très enthousiaste : "Fort Alamo m'a laissé pantois d'admiration. Dans son genre, c'est un livre parfait. Quand on écrit, à un moment, on va envisager son récit comme une boîte dans laquelle il va s'agir de faire rentrer un certain nombre de choses, idéalement, toutes les choses qui y ont lieu de s'y trouver, et encore plus idéalement, surtout pas les choses qui n'ont rien à y faire : ça gênerait pour fermer le couvercle. Et c'est exactement ce qu'a réussi à faire Fabcaro." Le critique littéraire dithyrambique ajoute : "J'ai vraiment été scotché par la façon dont, à partir d'une idée rigolote, il met en place tous ces éléments et construit un dispositif où toutes les arborescences possibles de son idée de départ sont explorées, sans pour autant jamais se retrouver à faire du hors-piste dans le champ de maïs. Il tient son sujet, il traite tout son sujet et rien que son sujet. C'est extrêmement divertissant. Et l'air de rien, il réussit à épingler des petites choses vraies du quotidien et à tendre un miroir de rétroviseur à la nouvelle société française, mais sans aucune prétention. Idéal pour un cadeau de dernière minute."
Raphaelle Leyris : "Fabcaro, un Houellebecq gentil"
La journaliste apprécie dans le travail de Fabrice Caro "son art modeste, sans aucune espèce de mépris : il n'a pas d'autre prétention que de faire un livre plein d'humour et de mélancolie, et on en trouve à toutes les pages. Son côté Houellebecq gentil me touche beaucoup. Il est quand même très oppressé par les signes extérieurs de la classe moyenne. Le crépi l'angoisse, et néanmoins, il en parle avec une tendresse qui rend les choses supportables. Ce qui fait de lui une sorte de Houellebecq tendre et c’est assez original."
Jean-Marc Proust : "Un bon Fabrice Caro"
Le critique à Slate salue "un bon Fabrice Caro, même si c’est moins bon qu’un Fabcaro. Il manque le dessin. Cela reste un bon livre que j’ai déjà glissé sous le sapin. Dans un roman, il est obligé de diluer, alors qu’avec ses dessins assez statiques, il installe une ambiance. Le comique de situation s'installe plus ou moins avec des personnages toujours en demi-teinte. Là, dans le roman, il fait la même chose, sauf qu'il dilue pour poser l'ambiance, les personnages et faire un cadre pour asseoir son gag. Donc, je dirais que dans une BD de Caro, vous riez à chaque page, là, toutes les trois ou quatre, mais Fort Alamo reste très largement au-dessus de la moyenne littéraire française."
Patricia Martin : "Burlesque et réaliste"
La critique souligne la dimension universelle du récit : "C'est burlesque, c'est inventif et en même temps c'est extrêmement réaliste [...] On peut tous se retrouver à vouloir tuer le type qui regarde un film sans mettre ses écouteurs dans le train."
Fort Alamo par Fabrice Caro est paru chez Gallimard