"Je voulais vraiment véhiculer un message positif" sur la bipolarité, assure l'humoriste. "Dire : oui, d'accord, c'est une maladie terrible, mais on peut vivre avec. La bipolarité, c'est un million de personnes en France, et ça peut très bien se passer quand on est stabilisé."
Constance raconte qu'au tout début, elle était "très loin de se dire qu'elle était bipolaire". "J'étais juste 'fatiguée', officiellement. C'est le principe du burn-out : on a l'impression d'être sur-efficace, et quand on tombe, on se dit qu'on est très fatiguée, et on a des phrases qui tournent en boucle dans la tête : moi, je suis restée bloquée sur le fait que je n'avais même pas le temps de faire une lessive, donc je me disais : 'j'ai pas le temps de laver mes slips, j'ai pas le temps de laver mes slips'. Ça a l'air rigolo, mais en fait, c'est une boucle infernale."
"Des généralistes m'ont dit que j'étais juste fatiguée"
"Il y a une espèce d'avis populaire que quand on travaille dans le divertissement, c'est que du plaisir, regrette la comédienne. Mais en fait, c'est beaucoup de boulot derrière. Et tant qu'on n'a pas admis que c'est un burn-out ou une dépression, on est dans le déni, on essaie de forcer... Moi, pendant très longtemps, j'ai cru que c'était de la faiblesse. Des généralistes m'ont dit que j'étais juste fatiguée, qu'il fallait faire du yoga, etc. Et c'est une amie qui m'a dit : 'écoute, moi, je suis dépressive, je prends des médicaments, sinon c'est dangereux, j'ai déjà fait des tentatives de suicide'. Moi, je me disais que les médicaments, ça embrouille le cerveau, que c'est pour les faibles... Et non, en fait. C'est une maladie et il faut absolument se soigner, sinon ça peut être létal, vraiment."
Constance le rappelle : "C'est très difficile, physiquement et mentalement, de s'en sortir. J'ai jamais connu une pire douleur, une épreuve aussi terrible que la dépression. J'étais la première à dire à ma mère, qui faisait de la dépression depuis des années : secoue-toi. C'est terrible, de dire ça. Et tant qu'on n'a pas traversé cette épreuve, on ne peut pas comprendre. La dépression, ça fait mal physiquement : on a l'impression d'avoir été roué de coups par une barre de fer. On ne peut plus bouger, plus respirer, plus lever les yeux, plus manger, plus réfléchir. On n'a plus de force de vie, on est mort à l'intérieur."
Elle-même a fait quatre tentatives de suicide, et elle le dit clairement : "J'ai envie d'en parler parce que le suicide, c'est pas de la lâcheté, c'est pas de l'égoïsme, c'est un symptôme. Il faut arrêter de mettre toute cette honte autour de la tentative de suicide, il n'y a rien de plus violent. Y'a des gens qui ont arrêté de me parler parce qu'ils ont trouvé ça impardonnable : est-ce qu'on dit à quelqu'un qui a un cancer d'arrêter de faire du chantage ou de faire mal aux gens ?"
