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Sexualité des Français : "il y a des changements majeurs", détaille Nathalie Bajos (Inserm)


À l'occasion de la sortie d'une vaste enquête sur la vie sexuelle des Français, Nathalie Bajos, sociologue, directrice de recherche à l’Inserm et Armelle Andro, démographe à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, sont les invitées du Grand entretien de France Inter.


Nathalie Bajos Sociologue, présidente du Conseil national du Sida, directrice de recherche INSERM à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS).
Armelle Andro



   
Provient de l'émission
L'invité de 8h20 : le grand entretien

Au programme
  • La sexualité des Français a changé. C'est ce que nous apprend une vaste enquête de l'Inserm sur plus de 30 000 personnes, fruit de cinq années de travail, publiée ce mercredi. “Un certain nombre de changements majeurs sont survenus", explique Nathalie Bajos, sociologue et directrice de recherche à l'Inserm, avec une grande tendance de fond, "la diversification de la sexualité, en particulier chez les plus jeunes et les femmes".

    Un des résultats majeurs de notre enquête, c’est le recul de l’âge d'entrée dans la sexualité", ajoute Armelle Andro, démographe à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Cet âge est passé à 18,2 ans pour les femmes et 17,7 ans pour les hommes. “Ce n’est pas si récent. En 2010, on pouvait déjà voir une inversion de la tendance”, constate-t-elle.

    Autre changement à noter, les Français déclarent avoir moins de rapports sexuels. "Cette baisse est à mettre au regard de l’augmentation du nombre de rapports considérés comme agréables", détaille Armelle Andro. "C’est une remise en question de la disponibilité sexuelle des femmes notamment, ce qui entraine mécaniquement une baisse des rapports sexuels."

    "Les femmes ne comptent que les hommes qui ont compté"

    Moins de rapports, mais plus de partenaires. En 2023, les femmes déclarent avoir eu 7,9 partenaires, contre 3,4 en moyenne en 1992. Les hommes déclarent eux 16,4 partenaires sexuels en 2023, contre 11,2 en 1992. Un écart entre les hommes et les femmes qui s'explique selon la sociologue Nathalie Bajos par des représentations sociales différentes de la sexualité. “D’un côté, on a une sexualité féminine davantage pensée sur le registre de l’affectivité, de la sentimentalité. La sexualité masculine est plus renvoyée à ses dimensions physiques. Les femmes ne comptent que les hommes qui ont compté, alors que les hommes comptent toutes les expériences.”

    Armelle Andro note tout de même un rapprochement de certaines pratiques entre les femmes et les hommes, notamment au niveau de la masturbation. “Aujourd'hui, les jeunes filles se masturbent et apprennent la sexualité, à travers l’autosexualité, exactement de la même manière que les garçons."

Illustration
Léa Salamé et Nicolas Demorand - Carré
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  • Radio France
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